• Exploration de Mià

    PIECE 1 : LA PIÈCE INONDÉ

    Je choisis une des portes et j’entre, il y a devant moi une grande étendue d’eau mais pas de l’eau bleu comme la mer qui brille au soleil non, une eau noire, très sombre qui remue comme si quelque chose l’habitait. Je me retourne pour sortir de cette pièce qui me semble impossible à franchir mais j’ai refermé la porte sans faire attention et j’ai beau essayer elle ne s’ouvre plus ! J’en déduis (grâce à mon infaillible déduction :D ) que si elle ne s’ouvre pas de l’intérieur c’est qu’il y a forcément une autre sortie, pas question de traverser à la nage. J’observe plus attentivement et je remarque qu’il y a un petit îlot de terre dans un coin de la salle à coté de ce que je suppose être une porte mais je ne vois rien d’autre. Je m’assoie pour réfléchir et me prends la tête dans les mains, comment vais-je faire ? mais quand je regarde de nouveau, j’aperçois des corniches accrochées aux murs que je n’avais pas remarqué auparavant.

    Je me dis que si je pouvais en attraper une, je pourrais sauter jusqu’à une autre et ainsi de suite pour atteindre l’îlot. Je commence donc mon escalade, qui me donne l’impression d’être un singe qui passe d’arbre en arbre jusqu’à celui où l’attends sa banane. Bref, je vais lentement mais j’avance sans me poser de questions pour éviter que la peur ne m’immobilise.

    Tout va bien quand soudain ma main glisse et je tombe, j’ai juste le temps de sentir mon doigt heurter quelque chose et la partie du mur sur laquelle je me trouve tourne, je finis ma chute sur un sol froid et dur dans le noir complet. J’évacue ma peur puis je sors ma lampe de poche de mon sac et l’allume, je suis dans un long couloir dont on ne voit pas la fin.

     

    PIECE 2 : LA PIÈCE SOUTERRAINE

     Partie à l’exploration de ce long couloir sombre, je ne remarques même pas que quelqu’un m’observe. Quand soudain je l’entend :
    – Qui es tu ? me demande t-il (ou elle d’ailleurs je ne sais pas si c’est un garçon ou une fille ou peut-être que ce n’est même pas un humain, que ferait-il dans ce souterrain ?)
    Je me cache craintive.
    – Eh ne te cache pas, je ne suis pas méchant.
    As-t-il lu dans mes pensées ?
    Il sort de derrière un rocher qui menace de rouler de l’autre côté du souterrain (car, je ne vous l’ai pas dit, ce couloir est en pente). Il est brun a quelque mèche qui lui tombent devant les yeux. Il doit avoir dans les 14 ans comme moi mais il est un peu plus grand.
    Je sors à mon tour de ma cachette et lui demande :
    – Comment t’appelles-tu ?
    – Mica et toi ?
    – Loue.
    – Tu es là depuis longtemps ?
    – Un jour ou….je ne sais même plus, on perd la notion du temps dans cet endroit et toi ?
    – Je suis là depuis à peine une heure, je me baladais avec ma petite sœur dans la forêt quand on est tombés sur ce château, ma sœur est partie en courant parce qu’elle disait qu’il était hanté et moi je suis entré juste pour voir mais j’aurais dû faire comme elle.
    Et il éclate en sanglots. Je ne m’y attendait tellement pas que je le prends dans mes bras.
    – Calme-toi, on va trouver la sortie, ne t’inquiète pas !
    Je crois que j’essaye plus de me rassurer moi plutôt que lui car en vrai je n’en suis pas sûre du tout, et je pense que maintenant qu’on est prisonniers de ce château on va y rester, mais je ne vais pas aggraver les choses en le lui disant.
    Il essuie ses larmes honteux avant de passer à un autre sujet :
    – Tu ne crois pas que si on avance on va bien finir par trouver la sortie, ça se finit forcément quelque part,hein ?
    – Bien sûr mais on reste ensemble.
    – Oui, c’est mieux.
    On commence donc à marcher, personne ne parle, on n’entend que le bruit des gouttes tombant sur le sol de pierre. Des rais de lumière filtrent à travers les roches, le sol est humide et les chauves-souris fuient dans le noir à chacun de nos pas.
    Soudain Mica brise le silence,
    – Et toi Loue, comment es-tu arrivée ici ?
    La question que je redoutais, je lui réponds :
    – Je ne sais pas, j’ai presque tout oublié, c’est comme si on m’avait effacé une partie de la mémoire, je me suis réveillée dans le hall de ce château.
    – Quoi, mais c’est horrible !
    Je baisse la tête, je ne trouve rien à lui répondre mais je pense exactement la même chose.

    Ça doit bien faire maintenant un heure qu’on marche, j’ai faim et je suis fatiguée, heureusement j’ai un petit sac à dos avec de la nourriture pour un jour, il était posé à côté de moi quand je me suis réveillée alors je l’ai pris en me disant que je pourrais peut-être en avoir besoin.
    – On s’arrête ?
    – Ok, je suis fatigué et j’ai mal aux pieds.
    On s’assoit par terre et je sors des sandwichs(en lui expliquent pourquoi je les ais).
    Puis d’un coup, j’ai une idée.
    – Mais en fait tu est passé par où pour arriver dans ce souterrain ?
    – Il y avait un escalier caché sous un buisson alors je suis descendu par là, il se finissait par une porte, je l’ai ouverte et j’ai atterri ici.
    – Quoi mais t’aurais pas pu le dire plus tôt, commence-je en colère, on serait ressorti par…
    – Nan, laisse tomber j’ai essayé de revenir en arrière mais la porte avait disparu.
    – Ah, désolée de t’avoir crier dessus, fis-je honteuse.
    – Ce n’est pas grave, je te comprends.

    On finit de manger puis on s’allonge par terre, le sol est dur mais peu importe, nous sommes si fatigués. J’ai beaucoup de mal à m’endormir, je repense à tout ce qui m’est arrivée, je me demande si je sortirai un jour de ce château et si je retrouverai la mémoire.

    J’ouvre les yeux, je ne vois rien, juste le noir. Une goutte d’eau coule sur mes lèvres, elle est froide, je l’essuie.
    Je reste longtemps couchée mais je finis par m’asseoir, mes yeux s’habituant petit à petit à l’obscurité, je distingue Mica allongé sur le sol, il dort.
    Il doit faire nuit dehors sinon le couloir serait assez éclairé pour voir.
    Je reste dans cette position jusqu’à ce que le jour se lève puis je réveille Mica, on mange quelques gâteaux puis on repart.
    On n’a à peine fait vingt mètres quand soudain Mica tend le doigt et s’exclame :
    – Regarde là, la lumière !
    Je ne comprend d’abord pas ce qu’il veut dire puis je le remarque : la lumière est beaucoup plus intense qu’avant. Nous courons jusqu’à un escalier qui monte et dont on ne voit pas la fin, la lumière vient d’en haut. On débouche enfin sur un petit palier. Devant nous se dressent deux portes.
    – Hourra !
    Mica ouvre celle de gauche, moi je choisis l’autre.

     

    PIECE 3 : LA PIECE SCIENTIFIQUE OU LE LABORATOIRE

    Alors là… Je pousse un sifflement d’admiration. Jamais je ne m’attendais à voir ça un jour ! Les murs de la pièce sont oranges fluos, le sol est jonché de livres ouverts vieux d’au moins un siècle et de feuilles de papier gribouillées de calculs. Les ordinateurs sur les tables sont pourris, pas au sens figuré, non, pourris au sens propre : ils se désagrègent et tombent en miettes !
    Ça doit être un ancien laboratoire scientifique secret, ou un truc dans le genre car des blouses blanches traînent par terre.
    Je ne sais pas pourquoi mais j’aime bien cette pièce, elle me rappelle étrangement quelque chose.
    Je m’apprête à poser le pied sur un tas de feuilles lorsqu’une voix surgit de nulle part :
    – Recule, ne marche pas là !
    Stupéfaite, je reste pétrifiée le pied en l’air, je pensais pourtant être seule dans cette pièce.
    – Qui…qui êtes-vous ?, murmure-je tremblante
    – Quelqu’un qui n’existe plus, me répond la voix (celle d’un homme ou celle d’une femme ? Impossible de le distinguer)
    Mais cette réponse ne fait que m’inquiéter un peu plus.
    – Êtes vous humain ?
    – Eh, quelle question ! Bien sûr que je le suis, enfin je l’étais.
    – Donc qui êtes vous maintenant ? Et pouvez-vous vous montrer ? Je n’aime pas trop parler au mur, vous savez.
    – Mais je suis là juste devant toi !
    – De…devant moi, il n’y a rien !!!
    – Tu es sûr, regarde plus attentivement
    Oh mon Dieu, je viens de distinguer les contours d’une personne dans l’air : un fantôme ! Celui d’un homme.
    – Wahou alors ça existe vraiment ce n’est pas qu’un mite destiner à faire peur aux enfants,
    m’exclame-je avec un mélange de peur et d’excitation.
    – Hum, hum je suis là hein et je t’entends, pourrais-tu parler de moi comme un personne s’il-te-plaît.
    Oups, je ne pensais pas avoir parler tout haut.
    – Excusez-moi, monsieur le fantôme, vous étiez un scientifique pas vrai ? De quoi êtes-vous mort ?
    Je vois ses yeux se voiler, je sais bien que ce n’est pas très gentil de parler de la mort de quelqu’un (surtout avec la personne concernée) mais je n’ai pas pu m’en empêcher.
    – Oui j’étais un scientifique, il y a longtemps de cela…quand à ma mort et ma vie d’avant je ne m’en rappelle plus… Il a l’air profondément consterné, il se met à parler :
    – Un souvenir m’a frappé, je…je suis ton pè…
    Il s’est volatilisé, pouf d’un coup, je ne comprends pas et surtout qu’à-t-il voulu dire ?
    J’ai le sentiment que c’était important, j’y réfléchirais après pour l’instant je dois sortir d’ici.
    Je fais bien attention à ne pas marcher sur ces papiers par respect pour ces pauvres scientifiques et leurs recherches même si je sais qu’il ne reviendrons sans doute jamais et je me crée un chemin jusqu’à la sortie.

     

    PIECE 4 : LA PIÈCE DES ILLUSIONS (Mica)

    J’ouvre la porte mollement, je suis terriblement fatigué. Le choc achève de me réveiller…
    Dehors, je suis dehors !!!!! C’est merveilleux.
    Les arbres sont fleuris et le doux chant des oiseaux parvient à mes oreilles. Je me met à courir tellement je suis content, je me vois déjà embrassant mes parents et ma petite sœur qui me disent qu’ils sont fiers de moi, que je leur ai affreusement manqué.
    Mais quelque chose ne va pas, je me demande pourquoi je suis le seul à avoir trouvé la sortie alors que c’était si facile, peut-être même un peu tr…BAM. Je m’étale par terre la tête la première.
    J’ai horriblement mal à la tête, je viens de foncer dans un truc dur, très dur pourtant il n’y a rien devant moi !

    ٭٭٭

    Je suis désespéré, ce n’était qu’une illusion. La pièce a retrouvé son apparence originale avec ses murs gris, neutres et moches. Heureusement, la porte est toujours là. Ce n’est que lorsque j’essaye de l’ouvrir que le problème se pose, ma main traverse la poignée comme si elle n’existait pas.
    – Non, non et nooooooon ! c’est encore une illusion, crie-je à m’en déchirer les tympans.
    Je m’adosse au mur énervé en me promettant de ne jamais plus espérer quoi que ce soit, quand le mur se dérobe dans mon dos.

     

    PIECE 5 : LA PIÈCE DÉNUÉE D’INTÉRÊT

    Mica ! Mica ! insiste la voix.
    J’ouvre les yeux, m’assied brusquement et marmonne d’une voix énervée :
    – Quoi ?
    – Mica ! s’exclame Loue en ignorant ma réponse désobligeante, j’ai vraiment cru que tu était…
    Elle se jette dans mes bras et je vois qu’elle a les larmes aux yeux, elle a vraiment dû avoir peur.
    – Ne t’inquiète pas, je suis là, vivant, essaye-je de la rassurer.
    Elle pleure maintenant à chaudes larmes mais ce n’est plus de la tristesse que je lis dans ses yeux, c’est un immense soulagement.
    Je la serre à mon tour dans mes bras. Nous restons longtemps comme ça.
    Je sais que moi aussi, je serai resté inconsolable si je l’avais perdue.

     C’est elle qui finit par briser le silence :
    – Bon allez, on a un petit peu une exploration en cours là, alors on se bouge ! dit-elle en souriant.

     Tout va bien, elle a retrouvé sa gaieté habituelle.
    Nous sortons de cette pièce main dans la main.

     

    PIECE 6 : LA PIECE DE L’OUBLI (Et une de plus, une)

     Nous sommes dans une pièce dont on ne voit pas le bout. Bah oui, à peine entrée je m’inquiète déjà de trouver une sortie (car comme d’habitude la porte a disparu derrière nous). Vous vous demandez donc pourquoi je ne reste pas dans une pièce que j’aime bien sans rien faire, hein ? Eh ben tout simplement parce que je deviendrai folle, je préfère encore passer mes journées à courir pour échapper aux monstres ou tout autres sortes de créatures que moisir quelque part à regarder les gens passer et puis… je veux rester avec Mica, je n’ai plus envie qu’on se sépare.

    * * *

    Je lui tient toujours la main. A l’instant où je la lui lâche, la pièce toute entière se met à trembler et des voix infernales résonnent dans ma tête. Des voix stridentes, des voix par milliers, toutes aussi insupportables que les autres.
    – LOU-OU-OUE, suis nous dans l’oubli, ta famille t’as abandonné, ton père t’as abandonné mais il t’as retrouvé, pourquoi ? Pour finalement te ré-abandonné, c’est impardonnable, indigne d’une famille, d’un père. Oublie tout ça, oublie. Suis-nous, suis-nous…dans l’oubli-bli-bli…
    Les voix résonnent en boucle dans ma tête, j’essaie de ne pas les écouter en vain.
    Je suppose que Mica subit le même sort car il est agenouillé par terre, les mains sur la tête et je crois qu’il cri.
    Je ne dois pas m’évanouir, je le sais, il faut qu’on sorte d’ici immédiatement.
    …Suis-nous…suis-nous…dans l’oubli-bli-bli
    Je ne dois pas écouter, non, non, mes yeux se ferment, lutter, je DOIS lutter.
    Mica s’est évanouit, noooooon, ça ne peut PAS être réel !
    Je parviens dans un ultime effort à le traîner jusqu’à la porte. Comment suis-je arrivée là ? Elle paraissait si loin. « On s’en fiche, concentre-toi », me dit la petite voix qui vit dans ma tête. Je me force à ouvrir la porte, quand soudain quelque chose attire mon attention, quelque chose écrit en lettres rouges, rouge comme le sang. Au bord de l’évanouissement, je réussi à lire : onze y sont entrés, seul un en est ressorti, avant que ma vue ne se brouille.

     

    PIECE 7 : LA PIÈCE OÙ LA MORT A FRÔLÉ MICA ET OÙ JE ME SOUVIENS

    Où suis-je ? Pourquoi je suis ici ? Couchée par terre, je ne me souviens de rien… et puis d’un coup, la mémoire me revient, pas juste la mémoire que j’ai depuis que je suis dans ce château, non toute la mémoire depuis ma naissance. Je me souviens de tout, TOUT !!

    * * *


    Je suis sortie de la pièce en traînant Mica et je me suis évanouie. Le message écrit sur la porte me reste en mémoire. Onze y sont entrés, seul un en est ressorti. Qu’est-ce-que ça veut dire exactement ? C’est pourtant simple, onze personnes sont entrées dans cette pièce, une en est ressortie, donc les autres sont… mortes ou… rien, il n’y a pas d’autre solution !
    Mais, mais… non, c’est impossible, nous sommes deux à être ressortis : Mica et moi. Serait-il possible que… non. Il est là couché à côté de moi, il ne bouge pas. La peur me ronge et les larmes me montent aux yeux. Mais est-ce qu’il respire, oh mon Dieu, dîtes-moi que oui……. IL RESPIRE !
    HOURRA !
    J’en suis là de mes constatations lorsque quelque chose attire mon regard, c’est la porte ou plutôt ce qu’il y a écrit dessus. Je ne vois d’abord qu’une grosse tâche rouge toute floue puis je m’essuie les yeux et je distingue enfin ce qu’il y a d’écrit, ce que je voulais voir écrit : onze y sont entrés, deux en sont ressortis.
    On était pourtant bien comptés tout les deux la première fois que j’avais lu cette inscription car le « onze »est resté, cela veut donc dire que Mica ne devait pas s’en sortir, ce qui veut dire aussi que j’ai le pouvoir de changer certaines choses… enfin je crois… mais seulement quand je suis complètement désespérée et que je ne vois pas d’autres solutions. Je devrais m’en réjouir mais je n’ai pas pu sauver les neufs personnes qui sont elles aussi rentrés dans cette maudite pièce. Je m’en veux et j’ai bien conscience que c’est purement et simplement égoïste de n’avoir sauvé que Mica mais pourtant… je n’y peux absolument rien !


    * * *

    Je repense à mon histoire, la vraie…enfin l’autre aussi est vraie mais celle du commencement, le début de ma vie, mon origine :
    Tout avait commencé un jour de mai 1572, le jour où je suis née, un jour mauvais, un jour où un nuage noir menaçant en forme de loup flottait au dessus de notre village. Les habitants ont vu dans ce signe, un avertissement. J’étais maudite à jamais et plus personne ne m’adresserait la parole pour autre chose que de me lancer des injures, plus personne sauf…mes parents.
    Tous les habitants désertèrent le village. Bientôt il ne restait plus que ma mère, Fleur, mon père, Garin et moi dans mon berceau qui pleurait comme un petit diable parce que j’avais soif, une petite fille insouciante ne se doutant pas que son destin serait …disons, un peu perturbé.
    Le problème arriva lors de mes huit ans, nous vivons toujours seuls dans notre petit village très très calme. Nous étions restés, car les seules fois où nous nous étions aventurés plus loin, nous avions été chassés à jets de pierre et de tomates (et les tomates, on ne dirait pas comme ça mais ça fait mal, très mal, je m’en était pris une en pleine tête et j’avais senti la douleur pendant quatre jours), la deuxième fois les habitants du village voisin avaient même osé proposer à mes parents de m’abandonner pour vivre plus tranquillement, ceux-ci avaient bien évidemment ignoré cette proposition qui ne méritait même pas de réponse tellement c’était impensable. Oh que je les aimais mes parents !
    À mes huit ans donc, notre univers paisible fut complètement chamboulé lorsqu’un monsieur Brotichkoli débarqua chez nous, c’était la première visite depuis un bon bout de temps (exactement 8 ans). Cet homme était très élégant mais il n’avait pas des habits normaux, c’était bizarre, il était bizarre…on aurait dit qu’il venait d’une autre époque… on aurait dit qu’il venait du…du futur. Ce n’était pas un voyageur errant, non, loin de là, il savait qui il cherchait, où il était et qui nous étions, il venait pour nous, pour moi…
    Et la proposition qu’il nous fit me sidéra et confirma mes doutes :
    – Voulez-vous venir avec moi dans le futur ?
    Ma mère resta bouche bée tandis que mon père s’exclama : – Quoi, quoi…quoi ? En même temps que je criai : – Non !
    L’ homme s’attendait sans aucun doute à cette réaction car il souriait en nous regardant d’un air moqueur, il resta un moment silencieux avant de nous expliquer :
    – Je viens du futur, je vous cherchais car j’ai besoin de vous. Vous travaillerez pour moi, en échange je vous offrirai une maison et un travail.
    Mes parents ne pouvaient pas espérer mieux, ils avaient seulement besoin de se remettre du choc.
    Mon père répondit :
    – Nous allons réfléchir. La nuit porte conseil.
    – Vous avez bien raison, surtout prenez la bonne décision !
    M. Brotichkoli s’installa dans une des maisons abandonnées environnantes, ce n’était pas ça qui manquait par ici.
    Il fallait que je réfléchisse. Certes j’étais la cause du plus grand bonheur de mes parents mais aussi celle de leur tristesse bien qu’il ne l’ai jamais montré, je le savais. Ils avaient toujours rêvé de voyager mais ils n’avaient pas pu car à cause de moi les gens les rejetaient partout où ils allaient, vu que j’étais « maudite ». Alors un voyage dans le futur, ils n’allaient pas refuser, je leur devais bien ça. Ma décision était prise. Même si je ne faisais pas confiance à ce monsieur louche, je faisais confiance à mes parents alors si ils acceptaient, j’accepterais.
    En effet c’est ce qu’il firent, Brotchikoli l’avait prévu, il n’était pas venu pour rien.
    Il ouvrit un portail bleuté entre nos deux époques et nous nous engouffrèrent dedans après une petite seconde d’hésitation. Nous débouchèrent dans une forêt. Je n’arrivais pas à y croire, nous étions dans le futur ! Waouh ! pensais-je. Malgré tout j’étais légèrement déçue, c’était pareil, rien n’avait changé, loin de la ville et des immeubles, je ne pouvais me douter que la réalité était toute autre.
    Nous marchions depuis un temps qui me semblai énormément long quand enfin l’homme s’exclama ravi comme un enfant qui vient d’ouvrir son cadeau de Noël :
    – Bienvenue chez moi ! Et voici MON château ! Le château des cent milles pièces.
    Je remarqua qu’il avait bien accentué le « mon ».
    Puis je le découvrit, le château, son château. Soudain quelque chose attira mon attention, par une des fenêtres du château, je crus distinguer une ombre, une ombre qui m’intimait de la main de partir. Je n’y fis pas attention, je crus que c’était la fatigue…
    Il nous indiqua notre maison, hors de l’enceinte de l’imposant bâtiment. Il retint mon père pour qu’il puisse lui présenter ses locaux et sur quoi il travaillerait et nous quitta, ce dernier sur ses talons pendant que nous allions découvrir notre nouvelle demeure. Elle était en pierre, très jolie et semblait avoir été construite en même temps que le château. Je ne revis plus jamais mon père, il ne revint pas, il était prisonnier et travaillait pour cet odieux personnage qui nous avait trahi. Je le détestait de tout mon cœur, celui-là.
    Ce fut la nuit suivante qu’il m’enlevèrent, cette nuit terrible où je vis pour la dernière fois de ma vie ma mère, les yeux blancs fixant le vide. Y a pas à dire, ils étaient doués pour les poisons ceux-là.
    Je vécus jusqu’à mes quatorze ans sous surveillance de grosses bêtes poilues répugnantes puis ils me relâchèrent dans le château à errer pour trouver une sortie introuvable. Juste avant de me réveiller dans le hall, je me souviens avoir reçu une lettre de mon père qui disait :
     

    Ma chère Fleur, ma chère Loue
    J’aurais tant aimé vous voir une dernière fois avant de mourir, je sens que ma fin est proche, ce monsieur va me tuer, j’en suis absolument sûr. Mais j’ai construit une machine qui peut aller n’importe où ! Là où on lui demande, normalement je pourrais vous rejoindre sous peu, je peux y arriver, j’ai confiance, enfin j’espère. A bientôt.
    Je vous aim


    La lettre s’arrêtait là, le mot se finissait en trait comme si ça main avait glisser. C’était la fin.
    Je vis une inscription, en bas de la feuille, une écriture rouge (sûrement pas celle de mon père) qui disait Vive le château.

    ~ ~ ~ ~

    Et là je comprend tout : le scientifique-fantôme que j'ai rencontré dans ma troisième pièce... c'était en fait mon père, il a pourtant essayer de me le dire....

     

    PIECE 8 : LA PIECE DE LA JUNGLE, DES RECRUTEURS ET DE LA FILLE

     Une fois entrés nous nous rendions mieux compte de l’immensité de la pièce. Elle était entièrement envahie par la végétation : des arbres, des buissons, des lianes… Il y avait même un petit ruisseau qui la traversait.
    Un chemin avait été grossièrement tracé par de précédents voyageurs qui avaient inconsciemment piétiné cette nature qu’on pouvait désormais qualifier de « morte ».
    Le Brouhaha infernal d’une cascade retentissait dans la foret noyant le moindre petit bruit.
    Mica marchait devant suivant cette espèce d’allée et je restais derrière, silencieuse. Au bout d’un moment, il me tira par la manche insistant.
    – Loue, loue ! chuchota-t-il, bien qu’il n’y ai pas besoin car je l’entendais déjà à peine. Que pouvait-il craindre ?
    – Loue tu m’écoutes, reprit-il, les voix se rapprochent, des gens arrivent, ils faut qu’on se cache, on ne sait pas qui c’est !
    – Ah…euh oui !
    Des voix, oui bien sûr c’était ça que j’entendais depuis tout à l’heure ! Je n’avais pas réalisé ! Il devaient parler fort pour qu’on les entendent, pensais-je.
    Je suivis Mica derrière un buisson.
    – Mica tu penses pas que ce serait mieux qu’on monte dans un arbre, fis-je en désignant le gros chêne qui trônait fièrement devant nous.
    – Euh…
    – Ce serait plus sûr et on sera moins visible ! Allez, le suppliai-je.
    – D’accord, si tu veux, dit-il.
    On commença à escalader l’arbre, il était gros et ce n’était pas si facile, le tronc humide glissait par endroits et certaines branches craquaient. D’autant plus que les voix se rapprochaient. Heureusement pour nous leurs possesseurs n’avaient pas l’air d’aller très vite.
    Mica grimpait presque aussi bien qu’un singe tandis que moi…l’escalade n’était pas mon fort ! J’en étais à peine à la moitié quand il arriva en haut. Il m’encourageait en chuchotant et m’aidait comme il le pouvait. Enfin, il ne resta plus que 7 mètres, 7 malheureux petits mètres, ce n’était rien et pourtant…
    Je montais mon pied, ma main, mon autre pied, mon autre main…
    Les voix se rapprochaient. Pied. Main. Pied. Main. Soudain, un cri. Humain, d’une fille sans doute. Les voix. Plus que 4 mètres. Un second cri. Plus court. Je continuai à avancer, lentement. Les voix étaient plus proches que jamais. 2 mètres. LES VOIX. Au moment où je commençais à croire que c’était fichu, je vis la fille du cri qui déboucha en dessous de nous. Je baissai la tête. Elle la leva. Nos regards se croisèrent puis elle disparut. Les autres. Ils étaient là. Mica me tira.
    J’étais enfin en haut, je soufflai, il fallait que je me calme. Je regardai en bas : ils étaient deux et n’avaient pas l’air de nous avoir vu, ils regardaient autour d’eux, comme si ils cherchaient quelque chose ou… quelqu’un…
    – La fille ! chuchota Mica comme si il lisait dans mes pensées.
    – Oui, j’espère qu’elle est bien cachée ! lui répondit-je.
    Mica qui était déjà reparti dans son observation des deux bonhommes tourna brusquement la tête vers moi :
    – Ils sont à la solde du château, je crois !
    Je me demandai d’abord d’où il connaissait le château avant de me souvenir que je lui avait tout raconté.
    – Comment tu le sais ?
    – Ils ont un espèce d’écusson sur leurs vestes alors je suppose. En plus ils ressemblent à ce que tu m’avais décrits !
    En effet, c’était des hommes, enfin, des espèces d’hommes à la peau bleue, poilue, ils étaient assez moche, du moins répugnants. Ils portaient des salopettes kaki, toutes déchirées et une casquette rouge qui n’arrangeait pas leur apparence.
    Ils s’étaient mis à parler en regardant une carte étrange :
    – Elle n’est pas loin, regarde la carte ! disait l’un. Viens !
    Celui qui venait de parler semblait être le chef, l’autre n’avait pas l’air très dégourdi.
    Je dis à Mica :
    – Il faut qu’on se déplace ! On les suit. Viens !
    Les arbres étaient tellement collés qu’on pouvait passer de l’un à l’autre sans qu’on nous voit. Ce n’était pas non plus très difficile et on allait à la même vitesse qu’eux qui marchaient. Ils s’arrêtèrent enfin. Nous aussi. En face, à à peu près 20 mètres, on voyait le mur de la pièce, un mur recouvert de lierre.
    En dessous ils chuchotaient, soudain le « chef » plongea la main dans un buisson puis recula, il tenait le bras de la fille !
    – Comment ont-ils pu savoir qu’elle était là ? me murmura Mica
    – …
    Je me taisais. Si ils avaient pu savoir où elle était… ils pourraient sans doute savoir où nous nous étions…
    – Prends le deuxième ! dis-je à Mica
    Puis j’attrapais une liane qui pendait à coté de nous, et sans plus réfléchir je m’élançais dans le vide en criant, entendant un QUOI ?? horrifié derrière moi.
    Le « pas dégourdi » se tourna vers moi, les yeux grands ouverts de stupeur avant de se prendre mes pieds en pleine figure, l’assommant sur le coup.
    Je lâchai la liane et m’écrasai sur le sol. Les deux autres me regardaient. Que faisait Mica ? Je le vit qui tremblait de peur. La créature qui tenait toujours debout m’empoigna par le col. Ce fut ce qui décida Mica, il prit une liane à son tour et sauta. Il ne rata pas sa cible mais ne réussi pas à lâcher la liane. Délivrée de l’emprise du gros bonhomme, je lui criai :
    – Saute !! Mais sauteee !!!
    C’était trop tard, il était trop haut, il allait s’écraser contre le mur d’en face, c’était inévitable. Je ne pourrais plus jamais lui parler.
    Je pleurais.
    Soudain, il ralentit, d’un coup. On entendit un petit « boung » lorsque il percuta le mur puis ses mains lâchèrent la liane. Il tomba, inconscient.
    – NOOOONNNNN !!!!!
    Sa chute se ralentit aussi comme ça avait été avant : il ne tombait plus, il volait. Mais cette fois ça ne dura pas, il reprit de la vitesse et s’écrasa sur le sol.
    Je courus vers lui, le secouai en pleurant et je criai.
    La fille était derrière, à genoux, les mains sur le visage. Elle se leva puis vint près de moi.
    – Du calme, il est seulement évanoui, il n’a pas chuté de très haut, il n’a pratiquement rien normalement. Et puis il n’est pas rentrer dans le mur !
    Sa voix douce me réconforta mais son « normalement » m’inquiéta plus qu’autre chose.
    – C’est vous ?
    – C’est moi qui quoi ?
    – Vous l’avez ralentit ?
    – Oui.
    – Vous êtes… magicienne ?
    – En quelque sorte.
    Tu peux me tutoyer. Je m’appelle Pomme.
    Elle me tendit la main, je la regardais, puis je la lui serra. Soudain elle m’attrapa la main, me montrant des… croûtes horribles, vertes foncés.
    – QU’EST CE QUE C’EST ? me demanda-t-elle
    – Je… je ne sais pas. C’est horrible ! Depuis quand ai-je ça ?
    – As tu des pouvoirs magiques ?
    – Euh… oui, je peux prévoir le futur…
    Mica se réveilla alors en sursaut et je me précipitai vers lui mettant ainsi fin à cette discussion bizarroïde.
    – Mica, mica !! Tu m’entends ???
    – Où je suis ?? murmura-t-il
    – Dans une forêt, enfin bref, c’est trop long à t’expliquer…
    – Qui es-tu ?
    – Mais c’est moi !
    – Toi qui ?
    – Ben, Loue !
    Oh mon Dieu !! Je me tournai vers Pomme :
    – FAIS QUELQUE CHOSE S’IL TE PLAÎT ! IL A PERDU LA MÉMOIRE, hurlai-je
    Elle regardait Mica avec des yeux pensifs, elle se tourna vers moi.
    – Euh… oui, je peux essayer
    Elle ferma les yeux, Mica s’endormit ou s’évanouit, je ne sais pas, mais il ferma les yeux.
    Pomme murmura longtemps des trucs incompréhensibles avant de s’approcher de Mica les yeux pleins d’espoir puis de me dire sans se retourner :
    – Je crois que ça a marché…
    Mica se réveilla soudain.
    – Mica ? fit-je, comment te sens-tu ?
    Il se tourna vers moi, regarda autour de lui puis étrangement me demanda :
    – Euh… Loue, c’est qui Mica ?
    Je le regardai horrifiée. Pomme s’en remit avant moi, elle alla vers lui et lui dit quelques mots. Après de longues minutes, je parvins enfin à articuler :
    – Ben… c’est… toi…, sachant bien que Pomme lui avait déjà expliqué.
    Je n’en revenais pas, il ne se souvenait plus de son prénom !
    – Aussi loin que je me souvienne, je m’appelle Tim, me répondit-il, amusé.
    Je restai sans voix.
    Pomme vint vers moi et me chuchota :
    – Je suis désolée, vraiment, c’est à cause de moi ! Il y a certaines fois quelques petits défauts dans la magie, avec moi en tout cas, ajouta-t-elle plus bas. Au moins il a retrouvé la mémoire…euh… à part son prénom, rougit-elle.
    Je crois, poursuivit-elle, qu’il faudrait mieux qu’on l’appelle comme il veut… Tim.
    Ou sinon… je pense que je pourrai réessayer un autre sort pour qu’il se souvienne de son prénom mais… il y a des risques…
    – Alors non ! Surtout pas, m’exclamai-je
    -De quoi parlez-vous ? fit la voix de Mica juste dans notre dos.
    Il s’était levé et nous écoutait.
    – Euh…rien ! m’empressai-je de répondre.
    Puis j’ajoutai : je pense qu’il faudrait retourner auprès des deux trucs là-bas, fis-je en désignant les deux hommes avachis par terre, pour détourner la conversation.
    Ce qui marcha, ils ne pensaient plus à Mica, enfin Tim, et à la magie.
    Dans les papiers qu’avait porté le « pas dégourdi », on trouva une étrange carte et une petite liste. La carte était vraiment bizarre, on voyait des petits pieds se déplacer partout dans… hum… le château, je crois, accompagné de noms, comme euh… mam…zelle Blabla, miss Love…je sais pas quoi….
    – LA CARTE DU MARAUDEUR !! s’écria Mica, euh Tim (je ne m’y ferai jamais !).
    – MAIS OUIIII !!! BIEN SUR ! renchérit Pomme. Ils ne sont pas aussi bête que ça finalement, ils se sont servis d’Harry Potter pour imaginer ça en vrai, c’est formidable !
    Maintenant elle est à nous ! sourit-elle.
    Je ne comprenais rien à ce qu’ils baragouinaient. Étaient-ils devenus fous ?
    – C’est quoi Harimachin ? demandai-je, et la carte Dumarodeure ?
    Mica-Tim se souvint que je venais d’une autre époque :
    – Oh, euh… c’est un film mais c’est pas grave, laisse tomber !
    A croire que j’étais débile, enfin bon, bref…

     

    La liste, elle, contenait seulement trois prénoms :
    « – Miss Lovegood
    – Pomme
    – Saralé »
    Nous n’arrivions pas à comprendre ce que cela signifiait exactement mais nous pûmes faire quelques rapprochements.
    – Ça doit être d’autres aventuriers que ces deux-là cherchent ou cherchaient. Que t’ont-t-ils demandés Pomme ?
    – Je ne sais pas vous les avez assommés avant, sourit-elle, mais d’après ce que j’ai pu comprendre ils voulaient m’emmener pour que je sois à leur service. Et je vous remercie vous m’avez sauvé la vie !!
    – Au service du château, compléta Mica-Tim
    – Bon on sort de cette pièce ? Parce que je commence à la connaître par cœur, là ! dit-je
    – Et eux on en fait quoi ? demanda Pomme
    – Ben on peut les laisser ici, de toute façon quand ils se réveilleront, ils ne sauront pas ou nous sommes puisque ils n’auront plus la carte !
    – Ok, on y va alors ?
    – Attendez je refais mes lacets, vous avez qu’à partir devant, fit Mica-Tim
    Nous partions et Pomme m’avait déjà engagé dans une énième discussion.
    Lorsque qu’on vit au bout d’un moment que Mica ne nous avait toujours pas rattrapé, on retourna sur nos pas en courant.
    – TIMMMM ?????? criai-je. Oh non, j’espère qu’il ne lui est rien arrivé !!
    – Regarde il y a quelque chose par terre ! s’écria Pomme
    C’était une lettre, je la lus d’une voix tremblante :
    « Ils faisaient semblant qu’ils étaient toujours inconscients en attendant le bon moment. Pendant que je faisais mes lacets, ils ont sortis une arme et m’ont obligés à les suivre.
    Excusez-moi de vous abandonner mais je suis obligé ! N’oubliez pas que je ne basculerai jamais du côté du château, et j’essaierai de m’échapper à la moindre opportunité.
    Je suis censé vous dire au revoir. Ils me l’ont accordés et si vous lisez ce papier c’est qu’ils auront été assez bête pour ne pas le relire.
    Au revoir.Tim. »
    Je m’écroulai en pleurant, Pomme à mes côtés.

     

    PIÈCE 9 : LA PIÈCE DE LA FAIM (ou de la fin si vous pensez que je vais mourir... de fin, enfin de faim)

    Des arbres, c'est la première chose que je vois en entrant dans cette pièce, la deuxième c'est que des pizzas poussent sur leurs branches. Je me jette sur l'une d'elles affamée, à peine étonnée qu'elles soient là. Je croque, j'avale et soudain une idée affreuse me traverse l'esprit, et si... si c'était du... poison ? Je tremble, j'essaie de ne rien laisser paraître pour ne pas inquiéter Pomme. Je veux cracher, me frotter la langue mais évidemment j'ai déjà avalé. Je regarde Pomme et je lis sur son visage une expression horrifiée, elle a dû y penser aussi car elle s'écrie :

    - LOUE, TU ES FOLLE ! RECRACHE VITE !

    Hum... comment lui dire...

    - Euh je... euh...

    - Ne me dis pas que tu as déjà avalé...

    - Ben...

    - Oh mon dieu ! Elle hurle. On fait comment maintenant ?

    - Mais on n'est pas sûres que c'est du poison, je murmure.

    - Ah oui et dans le doute ?
    - …

    - Heureusement que je suis là, soupire-t-elle, on va essayer un truc... De toute façon tu en avait besoin, ajoute-t-elle en jetant un coup d’œil à ma main.

    - Essa...yer ? Je dis d'une voix tremblante.

    - Tu proposes quoi de mieux ?

    Je ne réponds pas. Elle ferme les yeux comme elle l'a fait tout à l'heure pour Tim. Et... s'évanouit. Ça elle l'a pas fait tout à l'heure, remarque une voix dans ma tête.

    - Pomme !

    Elle ouvre des yeux blancs et articule d'une voix bizarre :

    - C'est...nor...mal, res...te...où...tu...es...

    Avant même que je ne puisse lui répondre, je tombe à genoux à mon tour.

    - Qu'est-ce qui se passe ! Je m'affole.

    - Pomme murmure : Poi...son...

    -D'accord d'accord, ne parle plus, con...cen...tre t...toi.

    Ces deux derniers mots me demandent plus d'effort, le poison a l'air de faire effet.
    Je veux retrouver Tim... avant de mourir...

    Pomme ferme les yeux en murmurant des paroles indistinctes, ses veines ressortent sur ses mains, elle s'épuise...
    Elle parle comme ça quelques secondes, pendant que je la regarde me sentant terriblement inutile, puis elle s'arrête... d'un coup. Sa tête bascule complétement en arrière en heurtant bruyamment le sol.

    - Pomme !!

    Je regarde autour de moi, j'ai de plus en plus mal au ventre, je ne peux plus bouger et il n'y a personne en vue.

    - A l'aide !!! Je hurle.

    Mais seul le silence glacial du château me répond.
    Je me demande si Pomme aurait pu rater son sort...
    C'est peut-être la fatigue mais soudain je crois voir une fumée verdâtre s'élever au dessus des arbres, au dessus de moi... La fumée monte vers le plafond puis se dissipe aussi vite qu'elle est apparue.
    Je rebaisse la tête, regarde ma main et manque de m'étrangler, elle... elle est redevenue normale... Cela veut donc dire que Pomme a réussit.

    - Elle... elle est partie ?

    Pomme s'est relevée et me regarde d'un air sonnée.

    - Qui ?

    - La fumée... le... poison ?

    - Oui mais tu devrait te reposer sinon...

    - Non... je dois trou...ver une... source, m'interrompt-elle d'une voix faible.

    - Une source de quoi ?

    - Magie... Je sais... qu'il y en a dans... ce château... Je m'en vais, prends bien soin... de toi, j'aiderai... d'autres aventuriers... une fois que la sou...rce m'aura permis de re...trouver mes pleins... pouvoirs. Ravie de t'avoir ren...contrer Loue... Au... revoir...

    Elle a débité tout ça pour moi d'une traite alors qu'elle est épuisée, je pense.

    - Attends Pomme, prends la carte, tu en auras plus besoin que moi, je lui réponds, incapable de dire autre chose...

    Elle hoche la tête et prends la carte que je lui tends.

    - Au revoir..., j'ajoute les larmes aux yeux.

    - À ... bien...tôt, dit-elle avant de disparaître.


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