• Projet d'écriture : La Pièce 500

    Le projet de la Pièce 500 célèbre la demi-millième pièce du Château autour d'un rassemblement d'une  douzaine d'auteurs-explorateurs. 

    LA 500ème PIÈCE VUE PAR POUSSIÈRE D’ÉTOILE (LA CHATTE QUI PÊCHE)

     

    La pièce où on entra était très différente de toutes celles que j’avais vu auparavant. Elle ressemblait à une salle de bal moyenâgeuse, mais moderne en même temps. Des fauteuils de tous les genres étaient éparpillés sur le plancher. Un bon feu de bois crépitait dans la cheminée, décorée par des tableaux Picasso. Au centre trônait un gigantesque buffet, éclairé par des lampes à néon. Une bibliothèque design offrait asile à quelques vieux grimoires…

    « Waouh » je soufflai « Esprit, tu as vu ça ? »

    Je n’obtins pas de réponse.

    « Hé ! Esprit ! »

    Finalement, mon amie apparut.

    « J’étais allée faire un tour d’inspection… Cette pièce me semble un peu bizarre. Regarde les fauteuils… »

    « Ben, les fauteuils, qu’est-ce qu’ils ont, les fauteuils ? »

    « Ils semblent faits sur mesure. Regarde, il y en a un tout petit pour toi. Et celui-là, dit-elle en désignant un fauteuil mou qui flottait à quelques centimètres du sol, est parfait pour un esprit. »

    Une boule se forma dans mon estomac. Je n’aimais pas ça du tout. Premièrement, parce que si quelqu’un avait pu prévoir qu’on serait arrivées là, cette personne devait détenir un pouvoir incroyable sur le Château. Et deuxièmement, parce qu’il y avait au moins une dizaine d’autres fauteuils dans la pièce. On n’était pas les seules à être attendues…

    « Il y en a plusieurs qui semblent être de taille humaine, continua Esprit. Par contre, le gros rouge là-bas est bien trop large pour une personne normale. »

    « Pour qui pourrait-il être, alors ? »

    À ce moment là, deux trucs arrivèrent. D’abord, j’entendis un « POUF » suivi d’un « BAOUM ». Et juste après, une sorte de montagne apparut derrière moi.

    Enfin, ce n’était pas réellement une montagne, car je l’entendis s’exclamer d’une voix tonitruante « Dans quel genre d’endroit on est arrivés ? » et j’eus juste le temps de me jeter de côté pour éviter une grosse botte avec pointe en métal qui s’écrasa sur le plancher, me manquant de peu.

    Un peu sonnée, j’entendis Esprit apostropher l’inconnu de « grosse brute ».

    « Vous avez failli aplatir mon amie ! »

    Je vis un visage à la barbe touffue se pencher sur moi.

    « Ahem, désolé, mademoiselle. C’est que vous n’êtes pas très visible… »

    Esprit me prit dans ses mains et m’éleva à une meilleure hauteur pour que je puisse détailler le nouvel arrivé. Trapu, de petite taille, une grosse hache à la ceinture. Un nain, pas de doute. Le fauteuil rouge était tout à fait de son gabarit !

    « Ce n’est rien. Mais on peut savoir votre nom ? »

    « Le petit grand nain. J’explore le Château avec un gars. »

    En effet, derrière le petit grand nain se tenait un jeune garçon brun, qui paraissait s’amuser de la situation. Il nous adressa un sourire et se présenta à son tour. Il s’appelait vraiment « un gars » ! Esprit dit nos noms et s’excusa d’avoir traité le petit grand nain de grosse brute, excuses que l’intéressé accepta. Une discussion commença, qui portait sur nos réciproques aventures et les raisons qui nous avaient poussé à explorer le Château. Mais nous fûmes bientôt interrompus par un grincement de porte, et un bruit de voix.

    « Allons bon, on est finies où ? » Deux jeunes filles s’étaient avancées dans la pièce. Elles nous dévisagèrent pendant un moment, sur leurs gardes, mais se tranquillisèrent quand on leur expliqua qu’on était des explorateurs, pas des monstres ou des mutants, et qu’on ne savait pas non plus ce qu’on faisait là. Elles dirent de s’appeler Gabi et Leïla, et il y eut un nouveau tour de présentations. Elles semblèrent assez étonnées de notre aspect hétérogène (un humain, un nain, un esprit et une fille haute dix centimètres) mais elles non plus n’étaient pas communes ! L’une des deux, Leïla, semblait être sortie tout droit d’une prison (ce qui s’avéra vrai). Gabi était en bien meilleure santé.

    On n’eut pas le temps d’approfondir la connaissance car une autre fille se faufila dans la pièce par une porte cachée derrière un tableau. Elle ne devait pas avoir plus de treize ans et ça ne devait pas être longtemps qu’elle explorait le Château, car elle ne se montra pas méfiante du tout. Elle nous dit que ça faisait longtemps qu’elle voulait rencontrer des aventuriers en chair et en os, et s’unit bientôt à la conversation. On apprit qu’elle se nommait Sara.
    « Tout de même, dit-elle après un moment, c’est bizarre que sept explorateurs se retrouvent au même endroit ! »
    Esprit et moi échangeâmes un regard inquiet.
    « Et regardez, ces fauteuils ont l’air d’être faits sur mesure… Comme si on nous attendait ! » ajouta mon compagnon d’aventure.
    Tous regardèrent autour.
    « C’est vrai ! » s’exclama Gabi
    « Mais il y en a douze, et on n’est qu’en sept… On va avoir de la visite ! » dit sombrement un gars.
    Comme pour faire écho à ses paroles, un aigu crissement se fit entendre. Le bruit provenait d’une porte d’ébène et était tellement sinistre que tout le monde se regroupa, s’attendant au pire. Certains commencèrent à sortir leurs armes. Le petit grand nain grogna et se cramponna au manche de sa hache. Un gars serra son poing tellement fort que sa main blanchit. Finalement, la porte s’ouvrit et un visage ouvert et souriant en émergea.

    « Salut ! » nous salua allègrement la petite fille qui venait d’entrer. « Ben dites donc, vous en faites une tête ! Au fait, vous faites quoi ici ? Waouh, quel buffet ! »
    C’était Miss juliette, sans l’ombre d’un doute ! Esprit et moi la présentâmes aux autres, puis on lui expliqua comment on s’était retrouvés là. Pourtant, elle n’apparut pas très troublée par le mystère. Je commençai aussi à me détendre un peu. Après tout, il y avait pire endroit où arriver. De la nourriture, du confort et des gens avec qui bavarder, ce n’était pas commun pour le Château !

    Je dévorais un clafoutis aux cerises quand deux aventurières s’ajoutèrent au groupe. L’une semblait avoir une trentaine d’années, mais dans son regard se lisait une sagesse qui démontrait que son âge était bien plus avancé. L’autre était une jeune fille sportive, avec des cheveux très longs. Elles s’appelaient Violette et ArtistElsa. On se présenta comme de coutume et je me chargeai de leur expliquer comment on s’était tous retrouvés dans cette pièce. Je venais de terminer la longue explication (elles étaient très curieuses) quand une autre jeune fille arriva, du nom de Leeko. Je dus tout répéter du début, puis je proposai à Leeko et aux autres de se reposer sur les fauteuils. On était maintenant onze explorateurs, assis confortablement en cercle, et pourtant un peu inquiets. Qui serait le douzième?

    La réponse nous fut livrée quand Louvelo entra. C’était une fille qui avait l’air d’une guerrière. Elle avait le pouvoir de se transformer en louve, ce qu’on découvrit très tôt car elle nous prit d’abord pour un piège dangereux. Heureusement, le quiproquo fut éclairci rapidement. Je n’avais pas du tout envie de l’avoir pour adversaire! On s’assit de nouveau en cercle, mais sans réussir à retrouver la sérénité d’avant. Douze explorateurs étaient attendus et douze étaient arrivés. Qu’allait-il arriver? Et si c’était un piège?

    Tout à coup, le sol se mit à trembler. Je poussai un cri et m’agrippai aux bras du fauteuil. On aurait dit que le Château tout entier tremblait, comme actionné par un marteau-piqueur invisible. Les tremblements continuèrent de plus en plus forts et je vis avec horreur de la poudre de brique se détacher des murs de la pièce. Elle n’allait tout de même pas s’effondrer ! Je voulus me lever mais j’étais comme paralysée. Les autres semblaient avoir le même problème. Rapidement, un nuage de poussière nous enveloppa. Je dus fermer les yeux sous peine d’être totalement aveuglée. Je ne sais pas combien de temps je restai ainsi, terrorisée, dans le noir, mais quand je me risquai à plisser les paupières, on n’était plus seuls. Au milieu du cercle, quelqu’un avait apparu. Il avait l’aspect un homme très imposant. Mais il dégageait une telle aura de puissance que c’était impossible de le prendre pour un humain. Il se campait bien droit, les bras croisés, devant nos visages médusés. Il portait un long manteau noir qui lui descendait jusqu’aux pieds. Ses yeux bleus étaient aussi froids que la glace. Lorsqu’il parla, je compris que son pouvoir s’étendait bien au-delà de mon imagination.

    » Les décennies passent, et pourtant il se trouve toujours des explorateurs pour s’aventurer entre mes murs. Toujours les mêmes imbéciles arrogants qui sont convaincus qu’ils parviendront à s’en tirer. Pitoyables. Qu’ils explorent une, dix ou vingt pièces n’a pas d’importance. Tous finissent par mourir ou par perdre la raison. Aucun aventurier ne m’avait jamais échappé. »

    Le Château! Le Château était cet homme! Si n’importe qui d’autre aurait parlé de cette façon, j’aurais cru à un mythomane. Mais il était impossible douter de la franchise de cette voix, comme il est impossible nier l’existence de la montagne qu’on a devant soi.

    » Jusqu’à aujourd’hui. Douze d’entre vous m’ont posé plus de problèmes en quelques mois que tous les autres aventuriers en cent ans. Il fallait que cela cesse. Mais apparemment, je me fais du souci pour rien. Vous avez sauté à pieds joints dans le piège. »

    Il rit brièvement, un rire qui fit monter la colère en moi. Si avant j’avais craint le Château, à présent je ne le redoutais plus. Qu’il nous tue tous, mais qu’il ne s’attende pas à ce que je m’incline devant lui! Furieuse, je cherchai le soutien de mes compagnons par le regard. Ils semblaient partager mes sentiments, mais que faire face au Château en personne.

    « Enfin, le principal c’est que je puisse vous détruire une fois pour toutes. Si vous voulez implorer ma pitié, je crains qu’il ne soit trop tard. »

    J’ouvris la bouche pour rétorquer qu’aucun de nous n’avait l’intention de la faire, mais soudainement je sentis une force m’emprisonner la gorge. L’homme-Château avait fait un geste. Comme s’il avait pu lire dans mes pensées! Il s’approcha de moi et se pencha pour m’observer.

    « Tss tss. Pas même haute dix centimètres et elle pense pouvoir me défier! »

    Il me restait juste assez de forces pour me venger. D’une main tremblante, je pris mon poignard et le frappai sur son visage. Je réussis juste à lui faire une légère éraflure. Mais je l’avais touché dans son amour-propre.

    « Si c’est ainsi, meurs donc la première!  » me cracha-t-il à la figure.

    Et l’étreinte sur ma gorge se fit plus douloureuse. Je voyais tout flou. Je ne pouvais plus respirer. Je vis quelque chose s’agiter, puis le Château se redressa brusquement. Quelqu’un lui avait sauté dessus. Une louve? Je n’en suis pas sûre, mais finalement je pus aspirer une goulée d’air. Puis les autres arrivèrent à la rescousse. A coups de pieds, d’hache, de poignard ou de griffes, ils s’attaquaient à l’homme avec une force incroyable. Cependant, il arrivait aisément à repousser leurs attaques. A peine un coup l’atteignait que le responsable était projeté à plusieurs mètres de distance. Sous mes yeux ébahis, notre ennemi se mit à grandir et à grossir. Trois minutes plus tard, c’était un géant de cinq mètres chauve et très musclé. Il se mit à arracher des pierres des murs de la pièce et à les projeter sur nous. Un gars prit l’initiative de renverser le buffet afin de nous protéger. Au milieu de la confusion, je me mis à courir de toutes mes forces vers le refuge. Du coin de l’œil, je vis Esprit affronter le géant. Comme c’était un esprit, elle ne craignait pas les pierres. Certains l’aidaient en s’attaquant aux jambes du géant. Haletante, je me planquai derrière la table. Les jambes ne me tenant plus, je fermai les yeux et m’assis. Pas pour longtemps. Je sentis une main m’attraper et me soulever. C’était ArtistElsa.
    « Tu ne peux pas rester sans rien faire! Viens, on a un plan! »
    Elle se faufila habilement parmi le mobilier démoli, ne sursautant même pas quand une pierre s’abattait près de nous. On rejoignit bientôt un coin de la pièce où on ne pouvait pas être aperçues par l’ennemi. Violette , Gabi, Leila, Sara étaient là et m’attendaient, souriantes. Elles semblaient excitées par la bataille.

    « Il faut qu’on arrive à créer une diversion, m’expliquèrent elles. On a fabriqué une sorte de catapulte, et il nous faut quelqu’un de léger pour le faire marcher. »

    Avant que je réussisse à demander OÙ le lance-pierres allait me faire arriver, elles m’avaient déjà placée dans un bol qui faisait office de lanceur. Gabi actionna un élastique et la seconde d’après je volais. C’était une sensation que je n’avais jamais éprouvée. Je fendais l’air comme une fusée et je me sentais étrangement euphorique. Je le fus un peu moins quand je compris où j’allais atterrir. En plein dans le nez du géant. Il poussa un grognement furieux et secoua sa tête, abandonnant pour l’instant le lancer de pierres. En contrebas, les aventuriers redoublèrent d’efforts. Un gars me fit un signe d’encouragement. Je ne lâchai pas prise et commençai à escalader sa figure. Lorsque je fus plus en haut, je sortis mon poignard et le lui enfonçai dans l’œil.

    « En voilà pour toi, assassin! »

    Le géant se démena, grognant et hurlant. Il avança une main pour m’enlever de sa figure, mais une forme noire se cramponnait de toutes ses forces à ses doigts. Je reconnus Miss juliette dans sa forme de chat.

    Puis, le géant trébucha. Quelqu’un devait avoir eu l’idée géniale de ligoter ses jambes avec des cordes. Je me fis tomber souplement au sol juste avant qu’il ne s’effondre par terre. Des cris de victoire fusèrent. Le géant chercha à se relever, sans succès, car les aventuriers avaient grimpé sur lui et le menaçaient. Pendant une minute, il sembla capituler. Puis son corps trembla et il revint à sa forme humaine.

    « Pas mal, dit-il en s’époussetant le manteau. Je n’en attendais pas moins de vous. A présent qu’on s’est amusés, on peut passer aux choses sérieuses. »

    Il se transforma encore et devint une nuée de harpies. On eut juste le temps de sortir nos armes que les harpies cédèrent place à un torrent d’eau noire. Je me débattis dans l’eau, mais trois secondes plus tard c’était une tornade qui nous faisait face. Les transformations se succédaient avec tellement de rapidité qu’il était impossible de les contrer. J’étais tantôt griffée par les serres d’un aigle, tantôt bloquée dans des sables mouvants. Le désespoir me gagna. Quoique je fasse, j’étais toujours trop lente!

    Certains d’entre mes compagnons s’en tiraient mieux que moi. Le petit grand nain avait adopté la stratégie « tourner sur soi-même en hurlant et en agitant la hache », qui était en fait un vrai coup de génie puisqu’ainsi il se défendait de tout. Mais comme je n’avais ni sa hache ni sa carrure, ça ne risquait pas de marcher pour moi. Esprit, un peu plus loin, affrontait les ennemis avec calme. N’avoir pas de corps solide peut aider! Cependant, plusieurs autres étaient en difficulté, couverts de blessures. Mais comment leur venir en aide, lorsqu’on doit déjà combattre pour se maintenir en vie?
    Soudainement, je compris à quoi visait le Château. Il voulait qu’on se sépare. Ainsi, on était plus faibles! J’essayai de me déplacer vers Louvelo et Leeko, qui étaient les plus proches de moi. Mais une harpie ne me laissait pas en paix. Là, j’eus un autre déclic. Une harpie? J’avais déjà vu ça! Et si… Une cascade d’eau noire m’aspergea, me laissant frigorifiée mais l’esprit en tumulte. Deux minutes après, je fus presque heureuse de sentir la tornade qui me projeta vers le plafond. Les transformations se répétaient dans un ordre précis! J’aurais du le comprendre avant. Le Château était peut-être rapide, mais n’avait pas d’imagination.

    J’essayai de héler les autres, mais au milieu de ce chaos ce ne fut pas facile. Certains me repérèrent, dont ArtistElsa et un gars. Ils comprirent ce que je voulais dire et hochèrent la tête comme pour dire qu’ils le savaient déjà. Puis ils me firent signe de m’approcher d’eux. Je plongeai pour éviter un éclair qui était tombé du plafond et m’empressai de les rejoindre, tout en essayant de faire comprendre aux autres qu’ils devaient me suivre. Peu à peu, tous se rassemblèrent. Commença alors un étrange manège. Quelqu’un hurlait: « Aigles! » et tous se baissaient. Puis un autre criait: « Sable! » et tous grimpaient sur les murs. « Gobelins! » et tout le monde se plaçait dos à dos en position de combat. On savait d’avance ce qui allait nous frapper et nous pouvions nous défendre aisément. On put bientôt passer à l’attaque. Désormais, les harpies étaient transpercées par nos armes. La rivière était évacuée par un trou dans le plancher. La foudre ne frappait plus que des piques en métal plantées par terre. Les transformations se firent plus lentes. L’ennemi faiblissait. De temps en temps, on voyait sa forme humaine qui apparaissait, grimaçante de haine, quand on déjouait un de ses pièges. A chaque coup qu’on portait, l’édifice tremblait. Nos efforts redoublèrent. Nous étions ensemble, forts, personne ne pourrait nous arrêter.
    Finalement, l’homme-Château apparut pour de bon. Il respirait fort et tremblait de tous se membres. En un seul mouvement, nous nous jetâmes sur lui, prêts à en finir. Il nous adressa un dernier regard venimeux et disparut avant qu’on puisse le toucher. Le sol trembla un instant sous nos pieds, puis tout sembla revenir à la normalité.

    J’étais un peu déçue mais aussi très soulagée. On avait réussi à vaincre (enfin presque) le Château en personne! Je vis un sourire de triomphe éclairer le visage de mes camarades, bien que entrecoupé de grimaces de douleur. L’affrontement ne nous avait pas laissé indemnes. J’étais recouverte de bleus et de coupures, et certains étaient réellement blessés.
    Nous nous assîmes en cercle, comme à notre arrivée dans la pièce, et nous partageâmes des vivres. On se félicita, on se donna des tas de bourrades et de tapes amicales. J’étais heureuse d’avoir rencontré des aventuriers comme ceux-là. Mais j’étais aussi un peu triste. Je savais qu’on ne pouvait pas continuer à rester ensemble. C’était trop dangereux d’explorer le Château en un groupe nombreux. A croire que tout le monde avait mes mêmes pensées, car on décida d’un commun accord de prendre des routes différentes.
    « Mais on se reverra! » je leur promis, avant qu’ils ne choisissent chacun une porte et s’engouffrent dans les entrailles du Château. Ils repartirent comme ils étaient arrivés, certains mélancoliques, d’autres moins. Une fois seules, je regardai Esprit. Elle m’adressa un sourire en retour.
    « Il est temps de reprendre l’exploration » dis-je d’une voix décidée. Et je poussai la porte devant moi.

     

     

    LA 500ème PIÈCE VUE PAR GABI

     

    Je pousse une nouvelle porte et nous entrons dans la pièce suivante.
    - Allons-bon, où est-ce qu’on a fini ? je m’interroge
    La pièce a l’apparence d’une salle de bal, à la fois très ancienne et assez moderne. Elle est bien aménagée, avec douze fauteuils reposants tranquillement en cercle, une grande bibliothèque remplie de vieux livres et un magnifique buffet. De belles flammes virevoltent dans une cheminée, surmontée de tableaux.
    C’est seulement à ce moment-là que je remarque quatre personnes, ou plutôt trois parce que l’un d’entre eux ressemble plus à un petit fantôme. Il y a une toute petite fille pas plus grande qu’une main avec des cheveux verts et une araignée sur l’épaule. À côté de moi, Leïla frissonne : elle doit avoir horreur des araignées… Je la comprends.
    Les deux autres personnes sont des garçons, l’un plutôt normal, brun, l’autre un peu plus…étrange. Il est trapu, avec une barbe, un gros casque et une hache. Je souris. Je n’ai jamais vu de nain auparavant.
    - Qui êtes-vous ? je demande
    - Des explorateurs du Château. répond le nain. Vous aussi je suppose ?
    - Oui. Je m’appelle Gabi et voici Leïla.
    - Moi c’est Le petit grand nain et mon compagnon se nomme Un gars.
    - Moi je m’appelle Poussière, et elle c’est Esprit. dit-elle en désignant le fantôme
    Nous commençons à discuter sur nos récentes aventures jusqu’au moment où une autre arrivante débarqua de derrière un tableau. Elle avait l’air légèrement plus jeune que moi. Elle se présente tout de suite sous le nom de Sara et nous repartons dans une conversation sur le Château.
    - Tout de même. lance-t-elle. C’est bizarre que sept explorateurs se retrouvent au même endroit !
    - Et regardez, ces fauteuils ont l’air d’être faits sur mesure… Comme si on nous attendait ! dit Esprit
    Nous observons la pièce.
    - C’est vrai ! je m’exclame
    - Mais il y en a douze, et on n’est qu’en sept… On va avoir de la visite ! annonce Un gars
    Il ne croyait pas si bien dire car un grincement retentit et une porte de bois noir s’entrouvre. Nous nous resserrons, surpris, et Le petit grand nain dégaine même sa hache. La porte s’ouvre alors, laissant apparaître une jeune et souriante fille.
    - Salut ! Ben dites donc, vous en faites une tête ! Au fait, vous faites quoi ici ? Waouh, quel buffet !
    Elle nous lance tout ça d’une traite avant que Poussière nous la présente.
    - C’est Miss Juliette.
    Nous lui expliquons donc notre rencontre mais elle n’a pas l’air inquiète. Je commence moi aussi à croire que cette pièce n’est pas dangereuse. Après tout, on a bien le droit à un peu de repos !
    Deux nouvelles aventurières arrivent à leur tour, la première d’environ trente ans, la seconde à l’allure sportive. C’est Violette et ArtistElsa. Poussière se charge de leur relater de nouveau notre arrivée et à l’instant où elle finit sa phrase, Leeko, que je reconnais tout de suite, débarque. Poussière soupire et lui explique à son tour avant de nous proposer très gentiment de nous installer dans les fauteuils, qui par ailleurs semblent conçus pour chacun d’entre nous. Celui que je choisis est fait de cuir rouge, ma couleur préférée, et il est très moelleux. 
    Nous sommes désormais onze, mais personne ne sait qui va occuper le dernier siège. Des questions viennent me tarauder l’esprit. Pourquoi sommes-nous là, tous réunis ? Qui est le dernier explorateur ? Que va-t-il se passer quand nous serons au complet ? Pourquoi ai-je l’impression que quelqu’un nous a « invité » ici ?
    C’est alors que le dernier, ou plutôt la dernière invitée entre. Je l’identifie comme Louvelo dès qu’elle se transforme en louve, croyant à un piège. Mais nous la rassurons en lui donnant tous les détails, et elle s’assoit paisiblement dans son fauteuil. 
    Tout à coup, le sol se met à gronder et trembler. Poussière lâche un cri aigu et je m’enfonce au fond de mon siège, sur mes gardes. J’ai la sensation que le monde entier est secoué comme sur un bateau. Les tremblements s’accentuent et je prie pour que le plafond ne nous tombe pas sur la tête.
    De longs et épais serpents de poussière se mettent à tourner autour de nous. Je ne distingue presque plus rien. Que se passe-t-il ?! J’aperçois Leïla, serrant les dents et les accoudoirs.
    Mais tout s’arrête aussi brutalement que cela a débuté. La poussière s’évapore, laissant place à un homme.
    Celui-ci, vêtu d’un manteau noir faisant ressortir ses yeux bleus électriques, est tellement imposant qu’il dégage une aura phénoménale.
    «Un peu comme un dieu.» je pense
    Leïla a les yeux aussi ronds que des balles de ping-pong et les autres n’en mènent pas large non plus. Personne ne sait qui il est et ce qu’il fait là. Et ne pas savoir, ça m’énerve.
    C’est alors qu’il prend la parole.
    - Les décennies passent, et pourtant il se trouve toujours des explorateurs pour s’aventurer entre mes murs. Toujours les mêmes imbéciles arrogants qui sont convaincus qu’ils parviendront à s’en tirer. Pitoyables. Qu’ils explorent une, dix ou vingt pièces n’a pas d’importance. Tous finissent par mourir ou par perdre la raison. Aucun aventurier ne m’avait jamais échappé.
    Mon dieu, j’ai peur de comprendre… Cet homme… Cet homme c’est…
    - Le Château… je murmure dans un souffle à peine audible
    À voir les têtes qu’ils tirent, je crois que tous les autres aventuriers ont compris de qui il s’agissait. Le petit grand nain pointe même son arme en direction de l’homme.
    - Jusqu’à aujourd’hui. continue celui-ci. Douze d’entre vous m’ont posé plus de problèmes en quelques mois que tous les autres aventuriers en cent ans. Il fallait que cela cesse. Mais apparemment, je me fais du souci pour rien. Vous avez sauté à pieds joints dans le piège.
    Il rit un bref instant et ce rire me le fait haïr. Mes compagnons paraissent ressentir la même chose que moi. Je voudrais lui rabattre son caquet et lui coller une raclée.
    - Enfin, le principal c’est que je puisse vous détruire une fois pour toutes. Si vous voulez implorer ma pitié, je crains qu’il ne soit trop tard.
    Soudain, il fait un geste vers Poussière qui avait sans doute voulu se lever, et j’ai l’impression qu’elle se met à étouffer. Comme si on l’étranglait. Elle gémit. Je veux l’aider mais je n’arrive pas à bouger, paralysée.
    Il s’approche d’elle et se penche pour l’observer.
    - Tss tss. Pas même haute dix centimètres et elle pense pouvoir me défier!
    Elle attrape lentement son poignard et le frappe au visage. Il ne paraît pas du tout ébranlé, comme s’il n’avait rien senti. Mais il s’énerve.
    - Si c’est ainsi, meurs donc la première !
    Louvelo réagit la première et saute sur le dos du Château, qui se redresse violemment. Puis nous nous lançons à notre tour contre lui. Je dégaine mon poignard et tente de le toucher sur la moindre petite parcelle de son corps, tandis que Leïla se démène avec son couteau et que Le petit grand nain abat sa hache de tous les côtés. Mais l’homme parvient quand même à nous battre et il m’éjecte soudainement plusieurs mètres en arrière. Je me rue de nouveau sur lui alors qu’il fait subir un sort identique à Un gars.
    Soudain, il se met à grandir, grandir, grandir… Pour devenir un géant de cinq bons mètres. Il arrache des pierres pour nous les envoyer et Un gars décide de renverser le buffet pour nous protéger. J’évite de justesse une pierre lancée à toute vitesse et rejoins les autres derrière la table. Seul Esprit reste combattre le géant. Nous décidons de relancer l’attaque en nous concentrant sur ses jambes, histoire de le faire tomber.
    Sara, Leïla, Violette, ArtistElsa et moi nous regroupons tout en continuons nos attaques, et imaginons un plan très simple. Avec les lattes de bois du parquet et les pierres des murs, nous construisons une petite catapulte de fortune, avant de nous dissimuler dans un coin de la pièce. ArtistElsa s’éclipse quelques secondes et revient accompagnée de Poussière.
    - Il faut qu’on arrive à créer une diversion. nous expliquons ensemble à Poussière. On a fabriqué une sorte de catapulte, et il nous faut quelqu’un de léger pour le faire marcher.
    Elle n’a pas le temps de dire quoi que ce soit et nous la plaçons dans le bol que nous avons choisis comme lanceur. Je lui murmure «Bon vol.», un sourire aux coins des lèvres, et tranche l’élastique avec mon arme, la catapultant dans les airs.
    Notre coéquipière se réceptionne directement sur le nez de notre adversaire. Il essaye de s’en débarrasser, oubliant momentanément de nous attaquer. Nous en profitons pour redoubler d’efforts. J’aperçois Poussière grimper sur le visage du géant et lui planter puissamment son poignard dans l’œil.
    - En voilà pour toi, assassin !
    Il hurle et tente de décrocher Poussière. Miss Juliette prend sa forme de chat et part à sa rescousse.
    Pendant ce temps, Le petit grand nain s’était occupé de ligoter les jambes du géant entre elles, et celui-ci vacille avant de s’écrouler au sol. Nous sautons de joie, et je ricane en le voyant ainsi, peinant à se relever. Bien fait pour lui. Il retrouve sa forme humaine et se redresse.
    - Pas mal. Je n’en attendais pas moins de vous. A présent qu’on s’est amusés, on peut passer aux choses sérieuses.
    Il se re-transforme, cette fois-ci en une nuée de harpies. À peine avons-nous sortis nos armes qu’elles disparaissent pour un torrent d’eau sombre et déchaînée. Je manque de me noyer mais Un gars me sort de l’eau juste avant qu’elle ne soit remplacée par une gigantesque tornade qui passe à seulement quelques centimètres de Leeko. Les transformations se suivent tellement vite que je n’ai pas le temps de me souvenir de tout. Du sable, des monstres, des griffes, de l’eau… J’ai du mal à bouger, ne sachant jamais à quoi m’attendre. Non loin de moi, Le petit grand nain a adopté une stratégie assez étrange. Il donne des coups de haches dans tous les sens en poussant des cris de guerrier et tournoie sur lui-même. J’esquisse un sourire. Ça marche plutôt bien. Louvelo passe de son corps de louve à celui d’humaine sans arrêts, Leïla brandit son couteau devant elle en jurant et Un gars tente de s’accrocher aux murs.
    La fatigue commence à se ressentir. Mes membres sont lourds, j’ai mal partout et mon esprit est en compote à force de recevoir des informations. Mais que veux le Château à la fin ?!
    J’aperçois Poussière expliquer quelque chose à ArtistElsa et Un gars, qui font tout de suite passer son info : les transformations se répètent dans un ordre précis !
    «Mais bien sûr ! Suis-je bête, pourquoi n’y ai-je pas pensé plus tôt ?»
    Petit à petit, nous nous regroupons tous ensemble et inventons une stratégie assez redoutable, quoique bizarre. Dès que quelqu’un hurle quelque chose, comme «Éclairs !» nous réagissons en conséquence. Ce qui donne une sorte de ballet.
    «Eau !», tous sur les murs.
    «Monstres !», en position de combat.
    «Harpies !», tous à terre.
    «Tempête !»
    Je crois que je ferai ça la prochaine fois qu’une pièce est aussi tordue. C’est bien pratique.
    Nous gagnons. Chaque transformation trouve quelque chose pour la contrer. Elles ralentissent et deviennent moins efficaces. Le Château s’affaiblit de plus en plus !
    Tout tremble et notre ennemi reprend sa forme initiale, bien qu’il ait l’air plus vulnérable. Il nous lance à tous un regard incendiaire et disparaît comme il est venu.
    Je lève un poing en l’air en signe de victoire. On a réussi ! Nous avons triomphé du Château en personne ! J’en oublie presque mes blessures. Tous mes camarades sourient de bonheur. Je m’affale littéralement dans mon siège, éreintée, et chacun reprend le sien. Nous sortons de quoi manger de nos propres sacs et les distribuons. Que c’est bon d’être hors de danger, sains et saufs ! Nous rions de notre aventure et la relatons chacun de notre point de vue. Je n’ai jamais été aussi heureuse depuis que je suis entrée dans ce château. Être réunis là, comme de vieux amis, à papoter… J’ai vraiment de la chance d’être tombée sur eux.
    Mais tout à une fin. Comprenant que nous ne pouvons pas rester ensemble, nous décidons de nous séparer après plusieurs heures de repos. Chaque aventurier rejoint son compagnon.
    - Bonne chance ! je lance
    - Bonne chance ! répondent-ils chacun leur tour
    J’espère vraiment que l’on se reverra un jour. Que nous devrons à nouveau affronter le Château tous ensemble, peut-être cette fois pour le battre définitivement.
    Car il n’est pas mort. Sinon, je pense que l’édifice aurait disparût. 
     Leïla revient vers moi et nous nous avançons vers une des issues.
    - Mais on se reverra ! nous promet Poussière avant que nous disparaîssions chacun de notre côté
    - Je l’espère bien. me glisse Leïla

     

     

    LE GRAND RASSEMBLEMENT OU COMMENT 12 AVENTURIERS ONT COMBATTU LE CHÂTEAU (La 500ème pièce vue par Violette)


    Après être sorties en toute hâte de la pièce rouge contagieuse, ArtistElsa et moi entrons dans une grande pièce, très chaleureuse, chaude et illuminée….
    …Et remplie d’aventuriers. Un nain à la longue barbe en habits moyenâgeux, une fille de dix centimètres tout au plus, une sorte de fantôme qui flotte dans les airs… ArtistElsa et moi reculons vers la porte, prêtes à se battre si nécessaire. Mais les aventuriers ne semblent pas du tout agressifs et un jeune garçon brun s’avance vers nous pour nous présenter.
    -Bonjour ! Je suis Un Gars…, et je vous présente Poussière d’Étoile, le Petit Grand Nain, Esprit, Sara, Gabi, Leila et MissJuliette. Et vous, vous êtes… ?
    Rassurée, je nous présente et je demande des explications. Poussière d’Étoile, la fille minuscule, nous explique qu’ils se sont tous retrouvés par hasard ici, et qu’il y a pour chacun un fauteuil sur mesure. Je trouve le mien et m’y enfonce avec bonheur, il est parfait pour moi…Puis elle ajoute qu’il y en a douze et que nous ne sommes encore que dix. Deux explorateurs sont donc encore attendus…
    À peine a-t-elle fini ses explications qu’une onzième jeune fille entre. Nous l’accueillons chaleureusement et nous bavardons tranquillement, attendant le dernier explorateur. Pourtant, malgré notre tranquillité apparente, chacun reste anxieux à l’idée de ce qui pourrait bien se passer une fois que nous serons tous réunis…Pourquoi un tel rassemblement ? Un piège peut-être ? Certains de mes nouveaux amis semblent partager cette opinion. Esprit et ArtistElsa regardent autour d’eux avec appréhension, et je dois dire que je n’en mène pas large non plus. Ma main revient souvent vers la poignée de mon poignard fétiche (je l’ai depuis plus de mille ans maintenant !) accroché à ma ceinture, comme à chaque fois que je suis angoissée.
    Puis enfin, une des portes de la salle est poussée et l’on voit apparaître une jeune fille aux allures de guerrière. Je m’avance pour la saluer mais je recule immédiatement d’un pas : plus de jeune fille devant moi mais…Une louve ! Elle grogne comme pour me mettre en garde, et ma main glisse vers mon poignard. Autour de moi je vois plusieurs autres aventuriers se mettre en position de combat, mais le Petit Grand Nain intervient rapidement.
    -Calmez-vous ! Calmez-vous !
    S’adressant à la louve, il continue :
    -Mademoiselle, euh…Nous ne vous voulons pas de mal ! Nous sommes comme vous des explorateurs.
    La jeune fille reprend forme humaine et dit s’appeler Louvelo. Elle reste méfiante mais une fois que tout lui a été expliqué, les doutes sont dissipés : nous sommes unis, nous sommes amis et nous nous battrons ensemble si besoin.
    Et d’ailleurs…
    Le silence tendu qui s’est installé dans la pièce est soudainement brisé par un roulement de tonnerre qui nous fait tous sursauter. Le sol commence alors à trembler, de plus en plus fort, comme un de ces terrifiants tremblements de terre que j’ai parfois vécu. Je voudrais me lever et courir dans une autre pièce en entraînant avec moi les autres mais j’ai l’impression d’être une statue de pierre collée à son siège, incapable d’agir. J’échange des regards horrifiés avec les autres aventuriers qui sont, de même, pétrifiés sur leur siège. Puis l’air devient étouffant, une poussière jaune vole tout autour de nous et je dois me protéger le visage du bras pour ne pas être blessée par le sable mordant.
    Lorsque la tempête de poussière passe, au bout de quelques minutes, je me risque à ouvrir un œil et ce que je vois me terrifie.
    Un homme immense nous surplombe de toute sa hauteur. Et pourtant….Non, ce n’est pas un homme. Il a quelque chose en plus, une sorte de majesté méprisante. Après plus de 1500 ans de voyages, j’ai connu bien d’étranges créatures, mais de telle être, jamais je n’avait entendu parler. Soudain, il se met à parler, d’une vois tonitruante qui résonne sur les murs de brique de la pièce.
    -Les décennies passent, et pourtant il se trouve toujours des explorateurs pour s’aventurer entre mes murs. Toujours les mêmes imbéciles arrogants qui sont convaincus qu’ils parviendront à s’en tirer. Pitoyables. Qu’ils explorent une, dix ou vingt pièces n’a pas d’importance. Tous finissent par mourir ou par perdre la raison. Aucun aventurier ne m’avait jamais échappé.
    Qu’est-ce qu’il raconte ? « Entre mes murs » ? Soudain, un sursaut de compréhension me réveille. Cette…chose, c’est le Château lui-même ! Je croise le regard de certains de mes compagnons. La lueur qui brille dans leurs yeux m’apprend qu’ils ont compris également.
    -Jusqu’à aujourd’hui. Douze d’entre vous m’ont posé plus de problèmes en quelques mois que tous les autres aventuriers en cent ans. Il fallait que cela cesse. Mais apparemment, je me fais du souci pour rien. Vous avez sauté à pieds joints dans le piège.
    Un rire, son rire, éclate brièvement dans la pièce. Comme je déteste ce rire ! Il reprend son discours, sans se préoccuper des yeux de Poussière d’Étoile, braqués sur lui, qui jettent des éclairs.
    -Enfin, le principal c’est que je puisse vous détruire une fois pour toutes. Si vous voulez implorer ma pitié, je crains qu’il ne soit trop tard.
    Implorer sa pitié ? De quoi rêve-t-il ? Jamais, jamais je n’implorerai cette créature immonde. Il semble avoir entendu mes pensées car son rire puissant résonne à nouveau tandis qu’il me regarde avec moquerie, puis il reporte son attention sur la petite Poussière d’Étoile.
    -Tss tss. Pas même haute dix centimètres et elle pense pouvoir me défier !
    La minuscule jeune fille le frappe de toutes ses forces avec son poignard. Mais que peut faire une lilliputienne contre un géant ? Une perle de sang coule sur la joue du Château et son regard devient mauvais. Il lui crie :
    - Si c’est ainsi, meurs donc la première !
    Horrifiée, je le vois commencer à étrangler mon amie. Je bondis, prête à tenter de le faire lâcher prise, mais Louvelo est plus rapide que moi : une louve argentée saute toutes griffes dehors sur le dos du géant, qui se redresse brusquement en hurlant de douleur.
    Après avoir vérifié d’un regard rapide que Poussière d’Étoile n’a pas de blessure grave, je rejoins Louvelo à l’assaut du Château, accompagnée de tous les aventuriers. Je vois le Petit Grand Nain qui abat sa hache comme un fou sur le pied du géant, MissJuliette dans sa forme de chat lui griffer de toutes ses forces las jambes, Gabi se battre comme moi avec un poignard affuté….
    Mais malgré notre grand nombre, malgré les incontestables atouts de combattants de certains d’entre nous, le Château nous repousse comme on repousse de simples mouches. Et petit à petit, il se met à grandir, grossir, de plus en plus imposant…
    Alors que je repars à l’attaque en poussant un cri de guerre, ArtistElsa me hurle « Attention ! » avec force et j’ai juste le temps d’esquiver un énorme bloc de pierre qui atterrit exactement à l’endroit où je me trouvais une seconde auparavant. Je remercie ma coéquipière d’un sourire et je bats en retraite, repérant du coin de l’œil un abri improvisé par Un Gars sous la forme d’un buffet reversé. Ce n’est pas grand chose, mais c’est suffisant pour se protéger des morceaux de mur que le géant nous lance dessus.
    Je rejoins derrière le buffet ArtistElsa, en compagnie de Leila et Sara. Gabi nous rejoint une seconde après, en apportant des nouvelles –de notre abri, nous ne pouvons pas voir grand chose du combat.
    -Il y a Esprit qui s’attaque au géant, les pierres ne lui font pas mal. Quelques aventuriers essayent de le blesser aux jambes. Derrière un autre buffet je crois qu’il y a d’autres aventuriers qui essayent de se protéger…On fait quoi maintenant ?
    Leila prend la parole :
    -J’ai une idée. Il faut faire diversion sinon on n’y arrivera jamais, plutôt que de l’attaquer de front comme ça… Prenons Poussière d’Étoile, elle est petite et légère. Envoyons-la sur le visage du géant, ça le gênera et il ne pourra pas trop l’atteindre. Pendant ce temps on va tous ensemble le ligoter !
    Ce coup de génie nous ravit tous. Pendant qu’ArtistElsa pars dans la pièce à la recherche de Poussière d’Étoile, Gabi, Sara, Leila et moi fabriquons en toute hâte un lance-pierre improvisé. À peine est-il fini qu’ArtistElsa et Poussière d’Étoile reviennent.
    Nous lui expliquons rapidement la situation et la plaçons dans la minuscule catapulte, visant avec minutie…Et la voilà qui s’envole dans la pièce, évitant par miracle les blocs de pierre jetés en tous sens, pour finalement atterrir sur le nez du Château. En plein dans le mile ! Elle commence à escalader le visage du géant hurlant, tandis que mes quatre amies et moi surgissons en hurlant de notre cachette, lançant partout des lassos improvisés. Nos amis comprennent vite la manœuvre et s’y mettent avec nous, ou tentent d’empêcher le géant d’envoyer Poussière d’Étoile au loin par une simple pichenette.
    En quelques minutes, le géant est jeté à terre, attaché, menacé. Mais il revient subitement à sa forme humaine et déclare d’une voix moqueuse :
    -Pas mal…. Je n’en attendais pas moins de vous. A présent qu’on s’est amusés, on peut passer aux choses sérieuses.
    Immédiatement il disparait, et à sa place surviennent des centaines de harpies grimaçantes qui se jettent sur nous. Je veux me protéger avec mon poignard, mais peine perdue : je me retrouve soudain à me battre contre de l’eau. Et d’un coup, c’est une tornade dévastatrice qui apparaît….La pièce s’emplit d’un vacarme assourdissant tandis que les cataclysmes se déchaînent les uns à la suite des autres, imprévisibles. Imprévisibles ? Vraiment ? Il y a un déclic dans ma tête. Je croise le regard de Poussière d’Étoile, elle a compris. Elle me fait des signes de la main et tout s’explique pour moi également : les transformations suivent un ordre précis, inchangé. Je la rejoins avec difficulté, près d’ArtistElsa et un Gars, qui m’accueillent à bras ouverts. Une fois le torrent d’eau noire déferlant passé, je hurle « Tornade ! » et tous s’agrippent aux murs les plus proches. Puis Leeko crie « Aigles ! », et nos épées se lèvent, en position de combat…
    Enfin, nous sommes tous réunis, dos à dos, prêts à combattre, avertis à l’avance de chaque transformation. Je n’ai plus peur, et je me surprends dans le tumulte à éclater de rire ! Le Château sera vaincu, cela se voit à son affaiblissement évident, et mes amis en sont également conscients, aucune vie n’est plus en danger. Et lorsque le Château reprend forme humaine, haletant, épuisé, vidé de ses forces, tous les aventuriers sont rieurs comme des gamins. Nous nous jetons sur lui, prêts à en finir, mais nous atterrissons sur du vide : le géant a disparut. Hagarde, je jette des regards autour de moi.
    -Que…Il est parti ?
    Demande la petite voix de Miss Juliette. Sara lui répond avec joie :
    -Oui, je crois que oui, mais on l’a bien affaibli ! Il ne nous embêtera plus pendant un bon bout de temps. Mais je pense que nous ne devrions pas nous attarder dans cette salle…
    -Et je pense que nous devrions nous séparer, continue-je en soupirant. Nous en avons fait l’expérience, l’union fait la force mais il aurait mieux valu ne pas nous retrouver ainsi ensemble pour ne pas nous faire attaquer.
    Mes amis hochent la tête, mais nous décidons malgré tout de rester un peu ensemble dans la salle…Et l’un des meilleurs moment de mon exploration du château débute alors : tous les explorateurs présents laissent éclater leur joie, se serrent dans leurs bras, discutent parmi les débris de la salle. Sarah sort d’on-ne-saît-où des paires de rollier, et nous slalomons en riant entre les blocs de pierre… Puis enfin, au bout d’une ou deux heures, nous partons tous, un à un, par telle ou telle porte, dans le silence triste des adieux. Pourtant j’ai l’impression que nous nous reverrons bien vite…
    ArtistElsa et moi ouvrons une porte grise que personne n’a encore pris. L’aventure continue… 

     

     

    LA 500e PIECE VU PAR L’ENFANT DES MERS (pièce 5)

     

    Je refermai la porte derrière moi et remarqua qu’elle était cachée par un tableau de Picasso, le Guernica. Mais je me désintéressais  bien vite de l’œuvre, aussi célèbre soit-elle. La pièce était large, spacieuse, meublée d’une large table où reposais mille et une friandises et d’une petite dizaine de fauteuils et chaises diverses. J’en repérai une qui me parut assez confortables, mais je n’eus pas le temps de la tester car sept aventuriers se tenaient devant moi. Le seul mot qui me vint à l’esprit en les voyants fut « bizarre ». L’un était un nain barbu, mais il y avait également un garçon brun et deux jeunes filles, l’une très sale habillée de vêtements misérables et l’autre bien mieux vêtu. Une petite fille pas plus haute que trois pommes (à peine dix cm) se tenait côte à côte avec quelqu’un qui flottait à quelques centimètres au-dessus du sol et dont le corps était transparent.

    La fillette me demanda mon nom, d’une voix claire et forte, étonnante pour sa taille et son âge. Je lui répondis puis elle se présenta : « Je suis Poussière d’Étoile, mais tu peux m’appeler Poussière. Voici Esprit, ma meilleure amie, Gabi et Leila qui sont compagnons, comme Un gars et le Petit grand nain, là-bas. »

    Je pus deviner sans aucune difficulté que cela faisait quelques mois, si pas des années, qu’ils arpentaient le sol du Château, contrairement à moi qui ne mettait aventuré entre ses murs qu’il y a quelques semaines. Mon cœur se mit à battre très fort dans ma poitrine. Des aventuriers ! Des vrais, en chair et en os ! Je ne cachai pas mon excitation et bavardais avec entrain. Qu’aurais-je pu faire d’autre ? Je n’avais pas grand-chose à raconter, mais j’écoutais attentivement toutes les histoires de mes camarades qui, eux, en avait vu des vertes, des rouges et des pas mûres ! Cela me fit sourire. J’adorai cette expression ! Je me sentais un peu naïve face à eux, si expériencés. Mais je ne pus m’empêcher de commenter :

    « Tout de même, c’est bizarre que sept explorateurs se retrouvent au même endroit ! » Je regardais Esprit et Poussière se chercher du regard.

    Esprit prit la parole : « Et regardez, ces fauteuils ont l’air d’être faits sur mesure… Comme si on nous attendait ! » Je jetai un coup d’œil autour de moi. Elle avait raison.

    « C’est vrai ! » s’exclama Gabi.

    « Mais il y en a douze, et on n’est qu’en sept… On va avoir de la visite ! » fit remarquer Un gars. Au même moment, un grincement provenant d’une épaisse porte noire me fit sursauter. Instinctivement, nous nous rapprochâmes tous les uns des autres. Le Petit grand nain jura et attrapa sa hache. Enfin, une fille blonde entra dans la pièce.

    « Salut ! » lança-t-elle. « Ben dites donc, vous en faites une tête ! Au fait, vous faites quoi ici ? Waouh, quel buffet ! » Aussitôt, Esprit et Poussière se relaxèrent et nous présentèrent Miss Juliette. Elle avait l’air encore plus insouciante que moi ; elle ne réagit pas du tout quand les filles lui expliquèrent notre inquiétude. Et étonnement, tout le monde commença à se détendre et comme si de rien n’était, on se remit à papoter. Aucune gêne dans la conversation et personne ne reparla du mystère. Tant mieux ! Je parlai un peu avec tout le monde, de tout et de rien, faisant plus ample connaissance. J’admirai Poussière d’’Etoile, m’amusai avec Miss Juliette et apprit qu’elle pouvait se transformer en chat, mangeai quelques pâtisseries (il y avait de tout : des tartelettes, des gâteaux, des biscuits, des petits pains) et pris un verre d’eau.

    Peu après, une femme d’une trentaine d’années et une jeune fille brune arrivèrent. Leurs noms étaient ArtistElsa et Violette. Poussière parla pour nous tous, expliquant dans les moindres détails ce qu’on savait de notre petite réunion. Elle avait à peine fermé la bouche qu’une onzième fille arriva. Leeko s’intégra au groupe après que Poussière eut répété son petit discours et nous invita dans les fauteuils. Je m’assis dans celui que j’avais repéré en entrant et qui s’avéra en effet très confortable. Les fauteuils étaient disposés en un cercle, de sorte que nous puissions tous nous voir sans avoir à se tourner dans tous les sens. 

    Un seul siège était vide et j’étais assez curieuse de savoir à qui il appartenait. On fut tous assez surpris quand on découvrit que la dernière aventurière, habillé en tenue de combat (T-shirt de camouflage, pantalon brun, bottes en cuivre…) nous sauta dessus tel un bolide affamé… et qu’une louve nous égorgea à moit1ié. Heureusement, ArtistElsa, pleine de compréhension, cria : « Stop ! Nous ne sommes pas tes ennemis ! Nous sommes des aventuriers, comme toi ! »  ce qui eut pour effet de ralentir un peu l’animal, sans pour autant qu’il enlève ses griffes de Miss Juliette. Elle nous regarda tour à tour, droit dans les yeux. Je n’ai jamais réussi à supporter ça, mais quand son regard se fixa dans le mien, je tiens bon. J’espérai qu’elle comprenait que l’on ne lui voulait aucun mal. Apparemment oui, car après quelques secondes, elle nous dit qu’elle s’appelait Louvelo. Elle se retransforma en une fille d’apparence normale, mais chacun de nous savait qu’il ne fallait pas se fier aux apparences et que derrière cette fille se cachait un être redoutable.

    On s’était tous levés et s’est avec soulagement que l’on se rassit. Cependant, je pouvais voir Gabi qui se tortillait sur son siège, le Petit grand nain jouant avec sa hache, même Miss Juliette semblait anxieuse. Seule ArtistElsa était sereine. Et moi, une seule chose occupait mon esprit : pourquoi nous étions nous tous retrouvé ici, dans cette même pièce ? Je voulais croire que c’était juste le hasard qui nous avait tous emmenés ici, mais plus j’y pensais et plus il m’était difficile d’y croire.

     

    Soudainement, je sentis mon siège bouger sous moi. Je reteins une exclamation, mais pas Poussière. C’était comme s’il y avait un mini tremblement de terre à l’intérieur du château. J’étais effrayée. Je n’étais pas du genre courageuse et brave, qui n’a peur de rien. Mes yeux s’agrandirent de frayeur quand les murs commencèrent à se fissurer et qu’une poudre blanche nous entoura. Je me levai. Ou plutôt, j’essayai. J’étais incapable de bouger. Mes pieds étaient collés au sol par une glue ultra-forte.  Poussière, un Gars, Leïla... Tous mes compagnons étaient dans la même situation que moi. La poudre blanche me piquait les yeux et la poussière m’aveuglait. Je clignai les yeux  pour tenter de faire disparaître la douleur, mais quand je les rouvris, un homme, très grand, se tenait devant nous. Nous ne savions  pas qui il était mais il était si… Il n’y avait pas de mot pour le décrire. Il se répandait une sorte de méchanceté de tout son être, s’était étouffant.

    « Les décennies passent, et pourtant il se trouve toujours des explorateurs pour s’aventurer entre mes murs. Toujours les mêmes imbéciles arrogants qui sont convaincus qu’ils parviendront à s’en tirer. Pitoyables. Qu’ils explorent une, dix ou vingt pièces n’a pas d’importance. Tous finissent par mourir ou par perdre la raison. Aucun aventurier ne m’avait jamais échappé. »

    Ses mots s’enroulaient autour de nous tel un serpent, il parlait avec tellement d’arrogance que s’en était insupportable.  « Jusqu’à aujourd’hui. Douze d’entre vous m’ont posé plus de problèmes en quelques mois que tous les autres aventuriers en cent ans. Il fallait que cela cesse. Mais apparemment, je me fais du souci pour rien. Vous avez sauté à pieds joints dans le piège. » Dans n’importe quelle autre situation, j’aurai répliqué que je ne pouvais pas lui avoir posé de problèmes, j’avais à peine visité cinq pièces, mais face au Château, car c’était bien lui, mes lèvres restaient immobiles.

    Et puis il rit. Ce n’était pas un rire joyeux, ni un rire comme les vilains dans les films. C’était bien pire. Le son était amplifié à travers la pièce, répugnant, et toutes les fibres de mon corps tremblaient à l’unisson. Mais ce n’était pas de peur. Enfin, si un peu, mais c’était surtout par dégout. Pourquoi ? Je ne sais pas.

     « Enfin, le principal c’est que je puisse vous détruire une fois pour toutes. Si vous voulez implorer ma pitié, je crains qu’il ne soit trop tard. » Et puis il se tut. Et d’un pas rapide, il se retrouva devant Poussière.

     « Tss tss. Pas même haute dix centimètres et elle pense pouvoir me défier! » Le poison dans sa voix ne présageait rien de bon. Mais pourtant, Poussière réussi à réunir assez de courage pour tirer un poignard et le lui lancer au visage. Mais c’est à peine si elle lui fit une éraflure.

    « Si c’est ainsi, meurs donc la première!  » Je vis le visage de Poussière rougir, des larmes lui couler sur les joues. Elle avait mal. Le Château était en train de l’étrangler ! Louvelo réagit au quart de tour. Elle prit sa forme de Louve et bondit sur le monstre. Elle fut l’élément déclencheur. Tous, comme s’ils n’avaient attendus que son signal pour attaquer se jetèrent dans l’action. Je me joignais à eux. Je plongeai la main dans mon sac-banane, et sourit lorsque j’en tirais un arc et un carquois. Je bandais mon arc et tirais une flèche. Elle alla se planter dans l’oreille du Château.  Mais il l’arracha essaiment comme il repoussa toutes les autres attaques.

    Je ne faisais pas attention aux autres jusqu’au moment où la taille de notre ennemi augmenta jusqu’à atteindre plus de cinq mètres de haut. Il était colossal. Il brisa le mur et ramassa des briques pour les lancer sur nous. Aussitôt, Un gars prit la table et la retourna de telle sorte qu’elle nous servait de bouclier. Je tirais une flèche et me reçus un bloc de pierre à la tête.

    Là, je me dis que l’on ne travaillait pas avec la bonne technique. J’essayai d’appeler Gabi (c’était la plus proche de moi), mais c’est Violette, ArtistElsa et Leila qui me hélèrent. Je me faufilais vers elles. Elles m’expliquèrent leur plan. Ni une, ni deux, je leur passais un gros élastique de mon sac et courus chercher ce qu’elles avaient besoin. Et pendant que les garçons et Esprit faisaient diversion, ArtistElsa alla trouver Poussière. Je leur donnai le saladier et elles assemblèrent le tout. Poussière et ArtistElsa nous rejoignirent. J’étais surexcité. C’est à peine si on demanda à Poussière son avis avant de la mettre dans le bol. Gabi coupa l’élastique et Poussière s’envola dans un bel arc de cercle. Elle atterrit exactement là où nous le voulions. Elle s’agrippa aux narines (berk !) du géant, grimpa le long de ses joues et lui enfonça son poignard dans la pupille. J’avais envie de lui hurler « Bravo ! » mais me retient. On l’attaqua tous ensemble, moi avec mes flèches, Louvelo et Miss Juliette avec leurs griffes… Chacun avec notre arme mais tous dans le même but. Le Petit grand nain se servit d’une corde pour attacher les pieds du géant. Il trébucha, tomba. Poussière et Miss Juliette sautèrent par terre. Je devais avoir l’air d’une idiote, mais ce n’est pas grave.

    Le Château reprit une forme normale et dit : « Pas mal. Je n’en attendais pas moins de vous. A présent qu’on s’est amusés, on peut passer aux choses sérieuses. » Hein ?

     

    Des harpies nous entourèrent. Je n’eus pas le temps de bander mon arc qu’elles disparurent et qu’un liquide noir et nauséabond le remplaça, bientôt suivit par une tempête de vent énorme. Le plumage d’un rapace succédait aux sables mouvants tout droits sortis du Mont St Michel. Et ainsi de suite. Les apparitions ne restaient pas visibles plus de cinq secondes. Je n’avais aucune stratégie d’action, je ne pouvais viser aucune cible. À nouveau, une harpie me blessa, je fus trempée et recouverte du liquide, le tonnerre retentit au-dessus de moi, si près de mes oreilles que je faillis devenir sourde. Un aigle me mordit. J’étais incapable de me défendre et ça me tuait. Mais je remarquai très vite que l’ordre des transformations était fixe, toujours harpies-liquide noir-tempête- sables -etc.

    Je m’éloignai inconsciemment de Gabi et Leila, me retrouvant coincée contre un mur. Je m’aperçus de mon erreur quand une horde de harpies s’acharna sur moi, seule dans mon coin. Cependant, j’avais compris le mode de fonctionnement du Château, alors je pus me défendre. Je m’en sortais à peu près contre les harpies, les aigles (des flèches faisaient l’affaire) et le sable mouvant (je m’accrochais au mur) en revanche je ne savais pas quoi faire contre l’eau noir et la tornade. Les éclairs étaient attirés par des lances plantés au sol par mes compagnons. Ils avaient eux aussi remarqués la répétition et ils s’organisaient. Je me rapprochai d’eux. Je comptais le temps entre chaque piège. Sables. 1. 2. 3. 4. Aigles. 1. 2. 3. 4. Gobelins. 1. 2. 3. 4. Harpies. 1. 2. 3. 4. 5. 6. Eau. 1. 2. 3. 4. 5. 6. 6 et demi. Le rythme ralentissait : le château faiblissait et on le voyait fréquemment apparaitre sous sa forme humaine. Sable. 8 secondes. Je ramenais la corde de mon arc contre ma joue, tirai. La flèche se ficha dans le cœur d’un aigle. J’eus le temps de tirer trois autres flèches. J’atteignis Leeko. J’entendis quelqu’un crier : « Eau ! ». 12 secondes. « Harpies ! » puis « Sable ! ». Tous ensembles, nous sautèrent au mur. Les changements de forme se faisaient lents, plus d’une minute chacune. « Gobelins ! » Je me mis en position de combat. Nous étions les attaquants et plus les attaqués.

    Et puis, plus rien. Le château repris sa forme humaine. Il haletait, des gouttes de sueurs un peu partout sur son corps. D’un accord commun, nous l’attaquèrent mais il disparut. Ceux qui avaient bondi tombèrent et perdirent l’équilibre. Le petit séisme qui suivit n’arrangea rien.

     

    J’accrochais mon arc et mon carquois dans mon dos. Nous formâmes un petit cercle par terre. Je sortis quelques cannettes d’Orangina de mon sac-sans-fond-très-utile et des pommes. Je restais un peu sans rien dire, tout au plaisir de partager un moment de bonheur avec eux. Je souriais au blagues d’un Gars, mais me joignit peu à la conversation. Je ne voulais pas gâcher mon bonheur en pensant à la séparation qui, j’en suis sure allait suivre. Je fouillai un peu dans mon sac puis me levai. « Qui veut faire du roller ? » lançais-je. Je brandis deux paires de patins et en sortis dix autres de tailles diverses. Je me chaussais.

    Quelques heures plus tard, nous nous quittâmes. « Mais on se reverra! » nous dit Poussière. Je partie par une porte opposé au tableau de Picasso. J’avais beaucoup appris auprès de ces aventuriers hors-pairs, et je m’étais fait de nouveaux amis. J’espérai que l’on se retrouverait un jour comme l’avait prédit Poussière, mais rien n’était plus sûr.

     

     

    LA PIÈCE OÙ, D’UNE PART, IL Y A EU PLEIN D’EXPLORATEURS, ET EN PLUS, UN GRAND MÉCHANT (ET OÙ J’AI ÉLABORÉ UNE SUPER TECHNIQUE DE COMBAT)
    (Appelée aussi La 500ème pièce vue par un nain (assez petit pour un nain, d’ailleurs (mais quand même assez grand (un petit grand nain, en somme))))

     

    Bon. Cette pièce était vaste, il y avait des fauteuils à a taille (ce n’est pourtant pas courant), et des gens amicaux. Mais je ne me remettais toujours pas de ma chute. Surtout que j’avais bien failli écraser quelqu’un de bien plus petit que moi, ce qui constituait chez les nains un véritable outrage : par principe, on n’écrase pas un plus petit que soi.
    Donc, pendant que l’esprit et la lilliputienne expliquaient tout aux nouveaux arrivants, Un gars et moi nous assîmes devant une table et commencèrent à manger. Je me tournai vers lui et lui demandai :
    - Qu’est-ce que tu penses de tout ça ?
    - Je pense que de toute façon, si le Château avait voulu nous tuer, nous serions déjà morts.
    - Rappelle-toi quand même qu’à chaque fois qu’il a envoyé des gens pour nous éliminer, ils ont failli ! Aucun n’a réussi à nous tuer, et pourtant on a eu affaire à des robots réputés invincibles, des monstres en tout genre, des gobelins et des orques, et même des gens comme le grand petit nain. À mon avis, il en a marre qu’ils échouent à chaque fois. Ces explorateurs-là ont dû lui donner du fil à retordre, je pense… Tu imagines, trouver le moyen de tuer un esprit ou une fille capable de se transformer en louve ?
    - C’est vrai, répondit-il. Mais s’il vient en personne, ce serait encore pire…

    Nous mîmes fin à notre aparté lorsque La chatte qui pêche nous présenta aux nouveaux venus. Quelques minutes après, les derniers explorateurs étaient arrivés.
    C’est à ce moment-là que commencèrent les choses que nous redoutions, Un gars et moi. Un violent tremblement secoua le sol. Ayant l’habitude de ce genre de tremblements de terre, fréquents dans les cavernes, je réussis à me maintenir debout. Tandis que les murs menaçaient de s’effondrer, je vis une silhouette apparaître au milieu de la poussière. Un moment, je cru que c’était le GDIR, mais le seul point commun entre les deux était le long manteau noir.
    Je reculai d’un pas devant cet homme à la stature si imposante. Je saisis ma hache tandis que les autres se relevaient. Voyant que j’étais déjà debout, il se tourna vers moi et fit valdinguer ma hache derrière moi. Tandis qu’il commençait son monologue, je reculai discrètement, tâtonnant à la recherche de mon arme.
    Je la sentis enfin dans ma main. Je me tournai, prêt à me battre, juste à temps pour voir Louvelo lancer sa transformation. En deux secondes, elle se précipita sur l’homme, dont je venais de réaliser que je connaissais la voix : c’était celle que j’avais entendu lorsque j’étais prisonnier du Ch…
    Le Château. Nous faisions face au Château.
    C’est sur ces réflexions que je lui balançais un grand coup de hache dans son tibia. L’arme rebondit pourtant sur sa jambe, mais je réussis à la conserver. Je continuai à tenter de le faire tomber en visant les jambes, et revenait dès qu’il me repoussait. Mais obstiné par ses jambes, je ne réalisai qu’il avait grandi que quand il me projeta en arrière simplement avec le bout du pied.
    Le géant qui nous faisait face nous regarda d’un ai méprisant. Nous nous regardâmes, et d’un commun accord…
    …relancèrent l’assaut. J’avais constaté l’efficacité de ma hache contre les jambes du géant, c’est pourquoi mon premier réflexe fut de ne pas savoir quoi faire. Je ne pouvais pas atteindre plus haut que ses jambes…
    Heureusement, le géant, qui commençait à lancer des pierres partout, en fit tomber une devant lui pour se protéger d’une attaque de je ne sais qui. Je saisis l’occasion pour grimper sur ce promontoire improvisé, et je pus enfin affronter l’adversaire de plus haut. Les pierres étant vraiment hautes, j’atteignais son ventre. Il ne se souciait pas trop de moi, jusqu’à ce que je lui porte un coup si près de son cœur qu’il en hoqueta de surprise.

    En fait, ma hache ne lui avait rien fait du tout. Ce qui l’avait surpris, c’était La chatte qui pêche atterrissant sur sa tête. Quelques secondes après, il hurlait de douleur et tombait en arrière, gêné par MissJuliette94. J’en avais profité pour déchirer une bande de tissu d’un des fauteuils et m’en servir comme d’une corde pour le déséquilibrer.
    Je poussai un cri de victoire, comme tous mes alliés. Seulement, ce n’était pas fini.

    Il se releva, lança une énième provocation et se métamorphosa. Une nuée de plumes et de griffes se précipitèrent sur nous, immédiatement remplacée par un torrent d’eau sombre.
    À la tempête, je m’envolai. Mais aux aigles, j’avais ramassé ma hache. Les aigles étaient assez semblables à ceux que j’avais affrontés avant ma rencontre avec le GDIR, et j’en avais éliminé des plus coriaces. Trois tombèrent sous ma hache, mais d’autres arrivaient derrière. Je me retournai rapidement pour les éliminer, et, emporté par mon élan et ma hache, je fis trois tours sur moi-même.
    Coup de génie. C’était parti. Je me mis à tourner le plus vite possible sur moi-même avec ma hache. Puis les aigles succédèrent à des sables mouvants, et mon mouvement ne fit qu’aggraver ma situation. Quand une série de gobelins arriva, par contre, je me fis très utile. Une dizaine des mosntres succombèrent devant moi, et je réussis à dévier une flèche destinée à Leeko, qui traversa son corps sans faire de dommages. Je devins un fardeau quand la foudre frappa le sommet de ma hache. Je poursuivis pourtant ma rotation, mais…

    Après le passage « cris très fort dans les oreilles », j’entendis un cri, venant cette fois non pas d’un piège du Château mais de La chatte qui pêche. Je mis quelques secondes avant de comprendre ce qu’elle disait, occupé que j’étais à essayer de me maintenir la tête hors de l’eau qui venait d’envahir la pièce. La première chose que j’entendis fut « aigles ! », et mon premier réflexe fut de me lever d’un bond et de taillader l’air de mon arme, tandis que les autres se baissaient. Quelqu’un hurla « rivière », et tout le monde se retrouva plus ou moins désemparé. Mais quand arriva l’eau, je vis que le niveau baissait incroyablement rapidement. Je regardai autour de moi, et vit les autres percer trous sur trous dans le plancher.
    « Sable ! »
    Je me précipitai sur un fauteuil, avant de sauter contre un mur.
    « Éclair ! »
    Sans réfléchir, je plantai violemment ma hache dans le plancher, avant de me rejeter en arrière. Sans surprise, un éclair atterrit à l’emplacement de mon arme. J’en sortis une autre, plus petite.
    « Gobelins ! »
    Je souris, et éliminai les quatre monstres les plus proches de moi.
    « Tornade ! »
    Je me cramponnai à une table.
    Trois autres pièges se succédèrent, avec plus de lenteur, ce qui me permit d’opérer un véritable carnage chez les harpies à leur passage. Quand, enfin, le Château s’arrêta, il eut un regard vers moi, et j’entendis nettement dans ma tête :
    « Toi, le nain, je n’en ai pas fini avec toi. Je t’envoie quelqu’un que tu ne pourras pas vaincre. »
    Puis, au moment où je lui lançai ma hache, il disparut, sous les yeux de douze personnes prêtes à le tuer.
    J’eus le temps d’apercevoir un éclair doré frôler son visage, et compris qu’il s’agissait de l’épée d’Un gars. Ma hache retomba sur le sol.

    Le moment de la séparation était venu. Nous décidâmes de ne pas prendre d’autres aventuriers avec nous, le risque qu’ils auraient couru à nous suivre aurait été trop grand (j’avais déjà assez peu d’espoir quant à ma survie prochaine, le Château m’en voulait trop…).
    J’observai avec une nostalgie empreinte de tristesse les autres explorateurs qui faisaient du roller et jouaient insoucieusement, jusqu’à ce que Leeko, couverte du bandage qu’on lui avait appliqué après sa blessure, me fasse signe de venir et que Un gars passe devant moi à toute allure. Je décidai de me détendre un peu avant de repartir.
    Je finis par m’écraser contre une porte.
    Peu de temps après, Un gars m’apostropha :
    - Eh bien, c’était pas mal ta petite technique.
    - Merci. Mais on est loin d’en avoir terminé, répondis-je.
    - Peut-être… Tu m’as vu lancer l’épée dorée ?
    - Oui, joli coup, dommage que tu l’ai raté.
    - Je n’en suis pas si sûr. L’incarnation du château a disparu.
    - … Et ?
    - Mon épée aussi. »
    Nous repartîmes, plus inquiets qu’à notre entrée, mais tout de même soulagés de voir que nous n’étions pas seuls à affronter le Château, et, surtout, avec l’espoir que le Château soit plus gravement blessé que ne le pensaient les autres explorateurs.

     

     

    LA 500EME PIÈCE, PREUVE D’UN COURAGE EXTRAORDINAIRE, VUE PAR « UN GARS… ».
    Carnet de Quelqu’un.
    Pièce n°36.

    Je préviens d’avance les lecteurs de cette page-ci de mon carnet. La pièce qui y est décrite est assez différente des autres que j’ai pu écrire, plus bizarre, plus dangereuse. Tout commença lorsque nous ouvrîmes la porte.

     

    Nous étions alors face à un trou béant, des plus noirs et… noir. Une force incroyable, mais irrésistible nous poussa alors dans le dos, et nous fûmes emportés dans le vide, ou plutôt, la gueule du loup.

    J’atterris alors après quelques secondes de chute libre sur un fauteuil rouge et moelleux, étonnamment à ma taille. Je ne pus réprimer un sourire en voyant mon ami le petit grand nain se confondre en excuse devant deux jeunes filles que je ne connaissais pas. Ignorant l’insulte de l’une d’elle, il s’exclama alors :
    « Dans genre d’endroit on est arrivés ? »
    Mais je ne pouvais bien entendu pas y répondre, et les adolescentes déjà présentes, appelées Poussière d’Etoile et Esprit, ne semblaient pas en savoir plus que nous. Après présentations, nous décidâmes donc d’observer la grande salle dans laquelle nous étions.

    La première chose qui nous frappa fut le grand buffet placé au milieu de la pièce. La deuxième fut les voix qui venaient d’une porte un peu plus loin…

    Deux autres adolescentes entrèrent alors, se demandant apparemment ou elles se trouvaient. L’une d’elle à l’air plus fatiguée s’appelait Leila#♥, l’autre Gabi.

    Après d’autres présentations, je remarquai que nous formions un groupe assez étrange, mais je n’y réfléchis point, car une autre personne sortant d’un tableau me fit sursauter.

    C’était une jeune fille appelée Sara, apparemment nouvelle dans le château. Et les présentations reprirent…

    Esprit dit alors ce que tout le monde pensait :
    « Ces fauteuils ont l’air d’être faits sur mesure… Comme si on nous attendait ! »
    Et tout le monde hocha la tête. Mais il y avait douze fauteuils, et nous n’étions que sept.
    Alors j’ajoutai d’une voix lugubre que je n’avais pas voulue :
    « On va avoir de la compagnie ! »

    Et comme pour ponctuer ma phrase, un bruit se fit entendre depuis derrière l’une des autres portes. La lumière émanant de la pièce d’or se trouvant dans ma main droite fit paraître que mes mains étaient aussi blanches que celles d’Esprit, et Poussière d’étoile me jeta un regard étonné.

    Mais heureusement, ce n’était qu’une autre jeune fille qui arrivait, guillerette, s’étonnant de notre méfiance. Elle disait s’appeler MissJuliette, ou du moins être surnommée comme telle. N’écoutant que d’une oreille la façon dont nous étions arrivés ici, elle incita tout le monde à s’installer autour de la grande table bien garnie.

    Puis durant le repas, arrivèrent les quatre dernières filles, Violette, ArtistElsa, Leeko et Louvelo, des filles toutes différentes. Mais je remarquai alors que les douze explorateurs maintenant présents avaient tous quelque chose en commun : un courage à toute épreuve, malgré les défauts de chacun. Il paraissait que chacun avait un défaut majeur, et qu’on le découvrait à un moment de sa vie. J’espérai trouver le mien rapidement…

    Le petit grand nain se approcha un peu de moi. Il me dit :
    « Qu’est-ce que tu penses de tout ça ?
    - Je pense que de toute façon, si le Château avait voulu nous tuer, nous serions déjà morts.
    - Rappelle-toi quand même qu’à chaque fois qu’il a envoyé des gens pour nous éliminer, ils ont failli !, s’exclama-t-il. Aucun n’a réussi à nous tuer, et pourtant on a eu affaire à des robots réputés invincibles, des monstres en tout genre, des gobelins et des orques, et même des gens comme le grand petit nain. À mon avis, il en a marre qu’ils échouent à chaque fois. Ces explorateurs-là ont dû lui donner du fil à retordre, je pense… Tu imagines, trouver le moyen de tuer un esprit ou une fille capable de se transformer en louve ?
    - C’est vrai, acquiesçai-je. Mais s’il vient en personne, ce serait encore pire… »

    Mais sans pouvoir méditer plus là-dessus, je sentis le sol vibrer.

    Arriva alors dans un fracas tonitruant, un homme imposant que je reconnus tout de suite comme une personnification parfaite du Château.
    Il commença à nous parler de la manière la plus haineuse qui puisse exister, à tel point que, si je n’avais pas été paralysé, je serais allé lui en coller une bien comme il faut. Je ne pus réagir que quand je vis Poussière d’étoile prendre la couleur d’une rose pivoine.

    Quand Louvelo se jeta sur le Château, je me levais brusquement et saisissais ma pièce d’or. Sans réfléchir, je me jetai sur le Château, qui était maintenant devenu énorme. Ma pièce prit la forme d’une épée dorée, je frappai la cuisse du géant, mais mon épée rebondit, et je me fit éjecter à trois mètres de là.

    J’arrivai devant quelques filles qui ne savaient pas trop comment attaquer cet « être », et renversai le buffet devant elles pour les protéger.

    Peu après, je remarquai MissJuliette en train de grimper à la jambe de l’hideux, Louvelo qui le griffait de part et d’autre, Le petit grand nain qui réduisait son pied droit en bouillie et Esprit qui se faisait traverser par les morceaux de murs sans dommages.

    Alors passa au dessus de moi un petit projectile qui se révéla être Poussière d’étoile. Elle tomba directement sur le nez du château, et je lui fit un signe d’encouragement.

    Le récit qui va suivre risque d’être des plus compliqué car les événements se sont enchaînés à une vitesse phénoménale. 

    Après un coup bien placé de Poussière d’étoile, tout s’accéléra. Le château revint à taille normale, puis se métamorphosa sans prévenir en une nuée de harpie.
    Puis comme une inondation soudaine.
    Des sables mouvants.
    Des gobelins enragés.
    Des aigles.
    Des éclairs.
    De grandes tornades.
    Puis je me fit éjecter et ne suivit plus grand chose.

    J’aperçus de loin mon ami le petit grand nain qui évitait à peu près tout en tourbillonnant de rage avec sa hache. Esprit n’avait pas grand chose à faire, mais les éclairs semblaient tout de même la frapper. Gabi et Leila#♥ étaient complètement séparées, Violette et ArtistElsa aussi. Le château savait bien que nous ne le vaincrions pas si nous étions tous éloignés les uns des autres.
    Mais je ne pus me lamenter plus car une inondation jeta ArtistElsa non loin de moi, et je courus la relever.
    Et là, ça a fait tilt.
    Il y avait déjà eu une inondation, et maintenant commençait d’apparaître les sables mouvants. Il y avait un ordre dans ces apparitions monstrueuses ! En voyant le sourire d’ArtistElsa, je compris qu’elle avait déduis la même chose. Un peu plus loin, j’aperçus Poussière d’étoile qui nous faisait des signes. Je me demandais comment elle faisait pour ne pas s’envoler.

    Une fois que nous l’avions rejointe, presque euphoriques, il s’avéra qu’elle avait aussi comprit comment ça se passait. Alors, ni une ni deux, sachant maintenant dans quel ordre était les apparitions, je criai :
    « GOBELINS ! »
    Et apparurent les gobelins. Il n’y avait plus qu’a les affronter.
    Peu à peu, tout le monde comprit, et les apparitions furent de plus en plus lentes. Nous étions à bout de souffle, blessés, mais nous continuons. Le château avait raison de se méfier de nous !

    Celui-ci reprit d’ailleurs sa forme normale. Je lançai mon épée dorée, en visant son visage.
    Il me regarda.
    Je le regardai.
    Il affirma « Tu rêves… ».
    Et il disparut.

    Peu après un peu de repos et un essayage de rollers, j’arrivai vers le petit grand nain. Il était près de la porte. Je dis :
    « Et bien, c’était pas mal ta petite technique.
    - Merci. Mais on est loin d’en avoir terminé.
    - Peut-être… Tu m’as vu lancer l’épée dorée ?
    - Oui, joli coup, dommage que tu l’ai raté.
    - Je n’en suis pas si sûr. L’incarnation du château a disparu.
    - … Et ?
    - Mon épée aussi. »

     

     

    LA 500ème ET LEGENDAIRE PIECE (CELLE OU NOS AVENTURES RESTERONS ECRITES A JAMAIS DANS LES LIVRES ET LES CHRONIQUES DU CHATEAU) VUE PAR ARTISTELSA

     

    La pièce suivante est plus spéciale. A première vue elle n’a pas l’air dangereux, bien au contraire : elle est spacieuse, chaleureuse. Un feu chaud crépite dans une cheminée en pierre, éclairant d’une lumière orangeâtre les différents sièges disposés dans la pièce. Un grand buffet garni de mets fabuleux et raffinés trône dans un coin. Je commence à me dire que peut être nous allons enfin pouvoir nous reposer ici, lorsque je remarque des silhouettes près du buffet. En effet, nous avons de la compagnie : plusieurs personnages, tous très différents sont en train de discuter en mangeant. D’un même mouvement, Violette et moi nous retranchons vers la porte, méfiantes. Plusieurs d’entre eux s’avancent vers nous mais ils ne semblent pas avoir d’intentions malsaines. Un jeune homme brun, le moins étrange d’entre eux, nous adresse la parole :
    - Bonjour, je suis Un gars… et je vous présente Poussière d’Étoile, le Petit Grand Nain, Esprit, Sara, Gabi, Leila et MissJuliette, dit il en désignant tour à tour une minuscule lilliputienne, un nain habillé d’une armure, une silhouette floue, deux adolescentes ayant à peu près mon âge, une fille qui a l’air d’avoir vécu bien des aventures et enfin une enfant au visage malicieux et mur pour son âge.
    Violette et moi nous présentons à notre tour avant de leur demander des explications. Poussière d’Etoile prend alors la parole et nous explique qu’ils sont eux aussi des aventuriers qui ont atterri ici comme nous par hasard. Elle nous dit que les douze fauteuils disposés dans la pièce sont faits sur mesure et correspondent à chacun des douze aventuriers censés se retrouver ici.
    -Cependant nous ne sommes que dix, rajoute-t-elle, c’est-à-dire que…
    Elle n’a pas le temps de finir sa phrase et est interrompue par l’arrivée d’une autre aventurière, du nom de Leeko, qui se fait accueillir de la même manière que nous. Elle nous rejoint, accompagnée des autres, sur son fauteuil et chacun commence à discuter, à faire connaissance… En écoutant distraitement les différentes conversations, j’observe chaque recoin de la pièce, sur mes gardes. En effet, un endroit si chaleureux dans un château qui l’est si peu est certainement un piège. De plus, depuis que je suis entré j’ai la désagréable impression d’être observée… Je remarque que je ne suis pas la seule à être méfiante : le sujet revient dans les différentes discutions, et je vois mes nouveaux compagnons lancer des regards tendus, eux aussi sur le qui-vive. Cependant, je me dis que s’il y a un danger, au moins nous serons plusieurs pour le combattre. J’en suis à la de ma réflexion lorsqu’une douzième et dernière aventurière du nom de Louvelo entre dans la pièce. Nous remarquons très tôt qu’elle est spéciale : lorsqu’elle nous aperçoit elle se transforme brusquement en loup et se met en position de combat, en nous regardant d’un œil féroce. Aussitôt, ceux qui étaient venus l’accueillir sortent à leur tour leurs armes, prêt à se jeter sur la pauvre aventurière. Moi et quelques autres décidons de nous interposer entre eux. Lorsque les choses sont enfin mises au clair et que Louvelo est au courant de la situation, nous retournons nous installer autour du feu. Mais l’ambiance n’est pas du tout la même que précédemment. En effet, un silence pesant et inquiétant règne. Chacun se demande ce qui va se passer maintenant que tous les explorateurs attendus sont arrivés. Je vois Violette du coin de l’œil, qui a la main sur son poignard, anxieuse. Tout à coup, un brusque tremblement me fait sursauter. « Ça y est, me dis-je, les ennuis arrivent ! ». La pièce s’ébranle violemment de toutes parts, si fort que des pans de murs se décrochent. Le feu, qui était peut être un des éléments qui me réconfortait le plus, s’éteint sous l’effet d’un coup de vent. Les mets du buffet tombent sur le sol, les livres et les portraits autrefois accrochés aux murs sont éparpillés par terre. J’essaye de bouger, d’appeler les autres, mais je me rends compte que je ne peux plus contrôler mes mouvements. Mes yeux se ferment, m’obligeant à attendre que tout cela s’arrête. Ce n’est qu’une dizaine de minutes après que je peux ouvrir mes paupières. La tempête est passée. Autour de moi, il ne reste plus rien de la pièce chaleureuse d’avant. C’est alors que je le remarque. Un homme imposant, terrifiant se tient devant nous, droit comme un pic. Je peux sentir sa force immense rien qu’en le regardant et je ne peux m’empêcher de détacher mes yeux des siens, deux boules de glace. Je suis apeurée, recroquevillée sur mon fauteuil. C’est alors que sa voix résonne dans la pièce et me transperce de toutes parts, formant une boule dans mon ventre.
    « Les décennies passent, et pourtant il se trouve toujours des explorateurs pour s’aventurer entre mes murs. Toujours les mêmes imbéciles arrogants qui sont convaincus qu’ils parviendront à s’en tirer. Pitoyables. Qu’ils explorent une, dix ou vingt pièces n’a pas d’importance. Tous finissent par mourir ou par perdre la raison. Aucun aventurier ne m’avait jamais échappé. »
    Il fait une pause dans son discours, sans doute pour nous laisser le temps de comprendre les paroles qu’il vient de prononcer. Tout à coup, la vérité me frappe. L’être qui se tient devant nous n’est autre que le Château lui-même. Et d’après ses paroles il n’a pas l’air de nous vouloir du bien, le combat qui risque de suivre ne va pas être une partie de plaisir. L’individu reprend la parole :
    « Jusqu’à aujourd’hui. Douze d’entre vous m’ont posé plus de problèmes en quelques mois que tous les autres aventuriers en cent ans. Il fallait que cela cesse. Mais apparemment, je me fais du souci pour rien. Vous avez sauté à pieds joints dans le piège. »
    Il éclate alors d’un rire moqueur, tonitruant et sur de lui. Soudain, la peur qui me tordait le ventre quelques minutes plus tôt se change en une rage incontrôlable. J’ai envie de me lever, courir droit sur lui, le frapper… Cependant, je suis encore paralysée par cet étrange pouvoir.
    « Enfin, continue-t-il, le principal c’est que je puisse vous détruire une fois pour toutes. Si vous voulez implorer ma pitié, je crains qu’il ne soit trop tard. »
    Au fur et à mesure qu’il parle, je sens la haine monter en moi comme de la lave. Et je sais que mes compagnons sont dans le même cas que moi. Soudain, tout en nous jetant un regard méprisant, le géant s’empare de Poussière.
    « Tss tss. Pas même haute dix centimètres et elle pense pouvoir me défier! »
    Je regarde la scène, horrifiée, sans pouvoir réagir. D’un geste courageux, la petite exploratrice brandit son poignard et réussit à créer une éraflure sur la joue de son ennemi. Mais cela ne fait qu’amplifier sa haine.
    « Si c’est ainsi, meurs donc la première! »
    C’est à ces paroles que je sens mes muscles se délier. Je peux enfin bouger ! D’un même réflexe, tous les aventuriers accourent pour aider Poussière d’Etoile, mais Louvelo est la plus rapide. Transformée en louve, elle saute férocement sur le dos de l’homme, plantant ses griffes dans sa chair et lui arrachant un cri de douleur. La pauvre lilliputienne est libérée, mais un peu sonnée. Tandis qu’elle reprend doucement ses esprits, nous essayons de combattre le monstre. Mais c’est peine perdu, nous avons beau nous jeter violemment sur lui, il nous rejette tels de vulgaires insectes. Et tandis que nous usons toute notre énergie pour tenter coûte que coûte de lui infliger la moindre blessure, il gagne petit à petit en taille et en force et devient encore plus gigantesque qu’il ne l’était auparavant, se mettant à arracher des pierres des murs. Je m’arrête d’attaquer. Nous ne pouvons plus continuer à le combattre par la force, il faut trouver une tactique. Je regarde Un gars du coin de l’œil et je comprends qu’il pense la même chose que moi. En effet, il vient de renverser le buffet pour nous créer un refuge. Alors que j’observe pensivement las cène de combat, m’apprêtant à aller le rejoindre derrière le buffet, j’entends un hurlement. C’est Violette qui court aveuglément vers notre ennemi, ne voyant pas l’énorme rocher que celui-ci tient à bout de bras, prêt à le lancer sur mon amie. Il me faut réagir, mais que faire ? Elle est à 200 m de moi… Dans un souffle, un cri sort de ma gorge :
    « Attention ! »
    Je la vois sauter sur le côté, évitant de justesse le bloc de pierre. Elle me lance un sourire en guise de remerciement et nous courons derrière le buffet, où nous retrouvons Sara, Leila et Gabi. Cette dernière nous donne des nouvelles du combat :
    « -Il y a Esprit qui s’attaque au géant, les pierres ne lui font pas mal. Quelques aventuriers essayent de le blesser aux jambes. Derrière un autre buffet je crois qu’il y a d’autres aventuriers qui essayent de se protéger…On fait quoi maintenant ?
    -J’ai une idée, répond Leila. Il faut faire diversion sinon on n’y arrivera jamais, plutôt que de l’attaquer de front comme ça… Prenons Poussière d’Étoile, elle est petite et légère. Envoyons-la sur le visage du géant, ça le gênera et il ne pourra pas trop l’atteindre. Pendant ce temps on va tous ensemble le ligoter !
    Aussitôt dit, aussitôt fait. Pendant que je pars à la recherche de Poussière d’Etoile, mes compagnons fabriquent un lance-pierre avec ce qu’ils ont sous la main. Je trottine dans la pièce, me protégeant derrière les décombres et plissant les yeux pour voir à travers la fumée. Difficile de trouver la si petite aventurière dans un tel bazar. Je l’aperçois enfin, assise au milieu du champ de bataille.
    « Tu ne peux pas rester sans rien faire, dis-je en la prenant par la main. Viens, on a un plan! »
    Je la mène vers l’abri, slalomant une nouvelle fois entre ce qui reste des meubles et des étagères. Derrière moi, je la vois sursauter à chaque fois qu’une pierre s’écrase près de nous. Nous arrivons enfin au refuge ou nos amis lui expliquent notre plan rapidement avant de l’envoyer en plein sur le nez du géant. La petite exploratrice s’accroche tant bien que mal et commence à escalader son visage, semant le trouble dans l’esprit de son adversaire. Nous sortons de derrière le buffet, vite accompagnés par le reste de la troupe, et commençons à lancer des cordes pour ligoter le monstre. Bientôt, ce dernier se retrouve saucissonné tandis que nous sautons de joie, le croyant vaincu. Mais le Château ne peut pas se laisser battre aussi facilement. Il revient à sa forme humaine et nous lance ces paroles d’un air dédaigneux :
    « Pas mal. Je n’en attendais pas moins de vous. A présent qu’on s’est amusés, on peut passer aux choses sérieuses. »
    Sans nous laisser le temps de réagir, il se transforme à nouveau, cette fois-ci en des milliers d’harpies. Alors que je m’apprête à attraper l’une d’entre elles, je me retrouve tout à coup quasiment noyée dans un océan, puis tout de suite après un gigantesque cyclone s’abat sur nous. Notre ennemi enchaine ainsi les transformations, ne nous laissant aucun répit. A nouveau, je sais qu’il faut trouver un plan. Mais comment en parler aux autres : nous sommes éparpillées aux quatre coins de la pièce… C’est surement le plan du monstre, il veut nous disperser. J’essaye de combattre tout en m’avançant vers mes compagnons, malgré la rapidité du monstre. Aux armes avec une harpie, je me retrouve aspergée d’eau… Tiens, une harpie ? De l’eau ? J’ai l’impression que le château recommence sans cesse le même schéma de transformation. Le voilà notre plan ! Mon regard croise celui d’Un gars, puis celui Poussière d’Etoile qui semble vouloir nous appeler. Ils ont sans doute compris la même chose que moi. D’un même mouvement, Un gars et moi nous rapprochons d’elle, bientôt imités par les autres explorateurs. Un fois tous réunis, nous nous mettons dos à dos. C’est alors que chacun commence à hurler la transformation qui s’apprête à s’abattre. « Aigles ! » « Sables mouvants !» Ensemble nous sommes plus forts, comme un seul et unique combattant au pouvoir infini. Petit à petit le géant faiblit, ses transformations sont plus lentes et bientôt il reprend forme humaine. Mais ce n’est plus l’homme intimidant de tout à l’heure. Il est maintenant maigre, avachi, ses yeux ont perdu leur éclat et il ne fait plus peur à aucun d’entre nous. Nous nous jetons sur lui mais il disparait au dernier moment, non sans nous avoir lancé un dernier regard, comme pour nous dire « Nous nous retrouverons… ».
    Nous sommes tous debout dans les décombres, épuisés mais fiers, l’œil brillant. Nous avons vaincu le Château en personne, nous, de simples aventuriers ! Je suis tellement heureuse que j’ai envie de le crier partout, oubliant presque mes différentes blessures. Il en est de même pour mes compagnons. Même si nous savons qu’il reviendra, nous sommes prêts à l’anéantir de nouveau. Cependant, il est temps de se séparer, il serait trop dangereux d’explorer le chateau tous ensemble. Après de multiples et chaleureux adieux, chacun sort de la pièce par une porte. Violette et moi en choisissons une grise et la poussons. Quelle sera la prochaine aventure

     

     

    LA PIÈCE 500 VUE PAR ESPRIT


    Je franchis le seuil de cette nouvelle pièce. Poussière d’étoiles et moi étions arrivées dans une immense salle de bal. Des magnifiques tableaux étaient accrochés aux murs, une bibliothèque et un buffet étaient disposés dans cette pièce. Un feu de bois crépitait dans la cheminée et onze fauteuils nous entouraient. Tous semblaient prêt pour accueillir des personnes.
    Perdu dans mes pensées et admirant la beauté des meubles, je n’entendis pas la voix de Poussière d’étoiles immédiatement.
    « Hé ! Esprit ! » Me dit-elle
    Je me retournai et lui répondis :
    « J’étais allée faire un tour d’inspection… Cette pièce me semble un peu bizarre. Regarde les fauteuils… »
    En effet, ils semblaient être faits sur mesure ; comme si ils attendaient des aventuriers bien précis.
    « Ben, les fauteuils, qu’est-ce qu’ils ont, les fauteuils ? » me demanda Poussière d’étoiles
    Je lui expliquai mon interrogation. «Regarde, il y en a un tout petit pour toi. Et celui-là, dit-elle en désignant un fauteuil mou qui flottait à quelques centimètres du sol, est parfait pour un esprit. »
    Je remarquais d’autres détails. Par exemple, un fauteuil semblait être fait pour un géant et d’autre pour des humains. J’expliquais cela à Poussière d’étoiles quand, brusquement, des BOUM BOUM retentirent. La pièce trembla, des verres vacillèrent. Qui pouvait bien être l’auteur des BOUM BOUM ? Je le découvris bientôt. Un nain rentra dans la salle. Ce nain était assez petit mais grand en même temps. Un autre aventurier entra à son tour. Il était plutôt normal, il ressemblait à un humain normal quoi. Je pestai en chuchotant : « Vous avez failli aplatir mon amie ! » Heureusement, l’intéressé ne m’entendit pas. (Il vaut mieux faire bonne impression au début). Celui-ci s’excusa auprès de Poussière d’étoiles et nous indiqua qu’il s’appelait Le Petit Grand Nain et que son ami à peu près normal était Un gars… Il n’avait pas de nom. Nous discutâmes quelques minutes quand deux autres aventuriers arrivèrent. L’un avait un tee-shirt noir et des cheveux châtains retenus en queue de cheval et l’autre était vêtu de vielles draperies chiffonnées et déchirées.
    « Allons bon, on est finies où ? » dirent-elles en nous voyant.
    Poussière d’étoiles leur expliqua la même chose qu’au nain et au gars. À ce moment-là, une petite fille d’environ treize ans entra également. Elle avait un tee-shirt blanc à franges et un jean. Elle ne semblait pas étonnée de rencontrer autant d’aventuriers dans une seule pièce, justement c’était son rêve. Nous nous présentâmes et entamèrent une discussion.
    «Vous vous êtes déjà rencontrés vous ? Et vous avez croisés d’autres aventuriers ou pas ? On est nombreux dans le château ?
    Sara paraissait très excité de nous voir et elle posait des milliers de questions sans s’arrêter, juste pour reprendre son souffle. Nous n’avions même pas le temps de lui répondre.
    «Tout de même, ajouta-t-elle après un moment de réflexion, c’est bizarre que sept explorateurs se retrouvent au même endroit ! »
    Je ne lui fis pas la remarque que nous avions tous compris cela depuis une heure.
    « Et regardez, ces fauteuils ont l’air d’être faits sur mesure… Comme si on nous attendait ! lui répondis-je
    - C’est vrai ! S’exclama Gabi
    - Mais il y en a douze, et on n’est qu’en sept… On va avoir de la visite ! déduisit Un gars
    Brusquement, un hurlement aigu retentit. Nous nous regroupâmes vers la porte d’ébène d’où provenait le bruit. Nous passâmes quelques minutes silencieuses à attendre le nain sortit sa hache au cas où- quand une jeune fille souriante entra. Je la reconnu immédiatement. C’était Miss Juliette !
    « Salut, nous lança-t-elle joyeusement, ben dites donc, vous en faites une tête ! Au fait, vous faites quoi ici ? Waouh, quel buffet ! »
    Je la présentai aux autres. Contrairement à nous, elle ne semblait pas du tout inquiète. Sa bonne humeur était contagieuse si bien que nous nous installâmes autour du buffet. Je buvais un sirop de framboises lorsque deux aventuriers entrèrent. L’une paraissait très vielle tandis que l’autre avait une quinzaine d’années (et de très longs cheveux bruns (comme Raiponce) attachés en une tresse. Elles s’appelaient Violette et ArtisElsa. Poussière d’étoiles leur expliqua comment on était tous arrivés ici, en détaillant du mieux possible, quand une onzième arriva. Mon compagnon recommença son blabla pendant que je bavardais tranquillement avec Sara. Nous nous assîmes ensuite dans les fauteuils, attendant le dernier aventurier. Il arriva rapidement. Il s’agissait d’une fille à l’allure guerrière. Croyant qu’elle était tombée dans un piège, elle se métamorphosa en louve mais nous criâmes tous ensembles que voulions aucun mal. Nous nous rassîmes dans nos fauteuils silencieusement. Tous les visages étaient tendus. Personnellement, j’étais pressé que l’action commence. Les batailles et tout ça, il y avait bien longtemps que je n’en avais pas fait !
    A ce moment-là, une énorme secousse retenti, suivie de plusieurs autres. Les verres vacillaient et tombaient par terre. Les murs se fendirent et un gros nuage de poussière m’empêchait de respirer normalement. Je fus plongé dans l’obscurité. Relevant la tête, je vis un homme géant dressé devant moi (il me cachait de la lumière en plus) Je perdis tout mon sang froid et mes jambes flageolaient.
    « Les décennies passent, et pourtant il se trouve toujours des explorateurs pour s’aventurer entre mes murs. Toujours les mêmes imbéciles arrogants qui sont convaincus qu’ils parviendront à s’en tirer. Pitoyables. Qu’ils explorent une, dix ou vingt pièces n’a pas d’importance. Tous finissent par mourir ou par perdre la raison. Aucun aventurier ne m’avait jamais échappé. » dit-il d’un ton grave et très flippant
    Je compris immédiatement qu’il s’agissait du Château. Ce géant était celui qui avait créé la forteresse, sûrement.
    «Jusqu’à aujourd’hui. Douze d’entre vous m’ont posé plus de problèmes en quelques mois que tous les autres aventuriers en cent ans. Il fallait que cela cesse. Mais apparemment, je me fais du souci pour rien. Vous avez sauté à pieds joints dans le piège. »
    Ma haine envers cette abominable créature bouillonnait en moi. Je ne supportai pas d’être traité comme un imbécile. (Même si il nous avait attrapés.) Il éclata d’un rire plein de méchanceté. Je croisai le regard de Poussière d’étoiles. La détermination et la fureur se lisait dans ses yeux.
    « Enfin, le principal c’est que je puisse vous détruire une fois pour toutes. Si vous voulez implorer ma pitié, je crains qu’il ne soit trop tard. »
    Il se tourna vers ma coéquipière et lui dit :
    - Tss tss. Pas même haute dix centimètres et elle pense pouvoir me défier!
    Poussière d’étoiles la frappa au visage, mais sans succès.
    « Si c’est ainsi, meurs donc la première! » lui cracha-t-il au visage
    Il l’étrangla et elle devint tout rouge, puis blanche. Nous la regardions tous incapables de faire un seul geste, paralysés par la peur. Heureusement, Louvelo bondit sur le Château. Le combat commença.
    Le Petit Grand Nain lui assena un coup de hache et une flèche, lancée par Sara, lui perça l’oreille. Pendant ce temps, la pièce d’un gars se transforma en une magnifique épée dorée et il frappa le géant à la cuisse. Le château grandit en grossit brusquement. Alors qu’il nous balançait des pierres, un gars renversa la table du buffet pour créer une cachette. Je passai à l’action. Je volai jusqu’à l’œil du Château, sans avoir besoin d’éviter ses missiles, avec un épieu dans ma main. Je brandis mon arme mais au dernier moment, des images floutées apparurent dans la pupille du géant. Je vis, au ralenti, une fille s’approchant d’un pupitre. Des lettres en sang apparurent « Pour accéder à ton bonheur parfait, tu dois me promettre que tu me donne toute ta vie, ton âme, ton esprit, tes souvenirs… tu dois tout me donner. Signe avec ton sang en dessous de ces lignes. »
    La fillette signa, puis s’évapora. Quelques secondes passèrent quand un esprit apparut. Moi.
    Revenu sur terre, je vis le Château me faire un clin d’œil. J’avais compris. C’était lui qui m’avait volé mon corps, Miss Lovegood. Mon sang bouillonnait de fureur et de haine. Soudain, Poussière d’étoiles arriva en volant sur le nez du géant. Elle était installée dans un bol en plastique et hurlait. Elle grimpa sur sa figure, mais ne me vis pas car j’étais invisible. Elle dégaina son poignard et le planta dans l’œil du Château.
    « En voilà pour toi, assassin! » lui dit-elle
    Le géant agita sa tête dans tous les sens pour que Poussière d’étoiles tombe. Je vis un chat cramponné à ses doigts, je reconnu Miss Juliette. En même temps, le Petit Grand Nain combattait en hauteur car il s’était fabriqué un drôle de piédestal. 
    Soudain, je ressentis une grosse secousse. Le Château tangua puis s’écroula au sol. Des aventuriers lui avaient ligoté ses jambes ! J’entendis des cris de joie, mais notre euphorie fut de courte durée. 
    « Pas mal, dit le Château en expulsant les débris de son manteau. Je n’en attendais pas moins de vous. A présent qu’on s’est amusés, on peut passer aux choses sérieuses. »
    Il se transforma brusquement en une nuée de Harpies. Je brandis mon poignard mais elles disparurent immédiatement. À leur place, un immense torrent d’eau noire nous engloutit tous. Je commençai à nager n’importe comment quand je réalisais que je pouvais respirer sous l’eau. Quelques secondes après, une tornade frôlant Leeko remplaçait l’inondation, suivie par des milliers d’aigles. Le Petit Grand Nain avait ramassé sa hache et il put en tuer ou blesser plusieurs. Mais une armée de gobelins apparut juste après. Il me tirèrent les oreilles et l’un deux m’envoya à l’autre bout de la pièce. Je me relève et je découvrit que le sol était transformé en sable mouvant. Peu après, un orage éclata, puis les harpies revinrent puis l’eau, la tornade, les aigles… Tandis que j’affrontais doucement les ennemis, Leïla donnait des coups de couteaux dans tous les sens en proférant des insultes, Le Petit Grand Nain tourbillonnait avec sa hache et Juliette passait son temps sous sa forme animale. Quand les gobelins furent de retour, ils m’envoyèrent cogner contre un placard, non loin d’Un gars qui semblait complètement sonné. Le sol devint liquide et sableux. À ce moment-là, je compris quelque chose. Le château essayait de nous séparer. Juste après, les harpies revirent et l’une d’elles me prit pour cible. Je parai difficilement ses attaques et je tenta une fuite mais elle me poursuivait en courant. Quand ses doigts crochus s’agrippèrent et rentrèrent dans la peau, elle disparut soudainement. Je fis une petite pause et je remarquai que Poussière d’étoiles avait sûrement compris puisqu’elle essayait de se rapprocher de Leeko et Louvelo, mais une harpie lui en empêchait. Je vis également ArtisElsa faire des signes à mon amie. Je repéra Miss Juliette et elle me rejoignit. Ensemble, nous relevâmes Un gars afin qu’il reprenne connaissance mais un aigle nous agrippa dans ses pattes. Nous nous démenâmes, mais ses griffes nous procurait une douleur sans nom. Heureusement, l’aventurier sans nom s’était réveillé grâce à l’eau -et il sauva même ArtisElsa de la noyade. Quand la tornade réapparut, je remarquai que Sara avait des ennuis, coincée contre un mur. Je m’éloignai de Miss Juliette pour aller l’aider, en vain. Finalement, tous les aventuriers se rejoignirent et ensemble, nous comptèrent les secondes que prenaient chaque apparition. Je remarquai que elles étaient de plus en plus longues. Le Château faiblissait ! Comme nous savions ce qui allait arriver, nous pouvions préparer les attaques. Ainsi, la foudre tombait sur les piques de métal et l’eau coulait dans une latte du plancher. Nous devenions plus forts, nous arrivions à tuer les harpies et les gobelins ne réussissaient plus à m’expédier à l’autre bout de la pièce car j’avais compris leurs méthodes. 
    Au bout d’un moment, le Château repris sa forme normale. Il était plus petit et tremblait de tous ses membres mais la haine et la détermination brillaient dans son regard. Nous fonçâmes sur lui et Un gars lui lança son épée dorée mais il disparut avant que nous ne l’atteignons.
    Je restai plusieurs minutes immobile prêt à le voir resurgir. Mais non. Rien. Finalement, c’est Miss Juliette qui brisa le silence en demanda timidement : 
    -Que…Il est parti ?
    Sara éclata de rire et lui répondit : 
    -Oui, je crois que oui, mais on l’a bien affaibli ! Il ne nous embêtera plus pendant un bon bout de temps. Mais je pense que nous ne devrions pas nous attarder dans cette salle…
    -Et je pense que nous devrions nous séparer, ajouta Violette en soupirant, nous en avons fait l’expérience, l’union fait la force mais il aurait mieux valu ne pas nous retrouver ainsi ensemble pour ne pas nous faire attaquer.
    Malgré cela, nous restâmes quelques minutes ici. Nous fîmes du roller ; et je découvris que j’étais vraiment nul à ce sport. J’avalai des délicieux gâteaux et écoutant les aventures des autres aventuriers. En découvrant toutes les pièces qu’ils avaient traversé, je constatai que ce château était vraiment immense. Après tout, c’est le château des 100 milles pièces ! 

     

     

    LA 500ème PIÈCE (vue par Leeko (LA PIÈCE RÉVÉLANT L’INEXISTABLE)

     

    Je plaquais mon oreille contre la porte.
    Chuchotements a peine audibles…
    Il y avait des gens. Beaucoup de gens… Je frissonnais malgré moi et poussai la porte de la pièce. Ma compagne m’incita d’un regard a avancer et m’attendit dans le couloir tandis que la lourde trappe se refermai en un grincement.
    De toute façon, ces gens ne pourraient pas me voir, étant donné que je n’existais pas !
    J’avançais dans la lumière, sûre de moi, persuadée d’être invisible à leur petits yeux humains…
    Une jeune fille se leva, et vint me serrer la main. Elle ne mesurait… Pas plus de dix centimètres !
    -Je m’appelle Poussière d’Etoile, et toi ?
    -Lee… Leeko, balbutiai-je.
    Les autres se présentèrent ensuite, tour à tour…
    Esprit
    Un gars…
    Miss Juliette
    Le petit grand nain
    Gabi
    Leila
    Violette
    Enfant des mers
    ArtistElsa…
    Puis on m’expliqua qu’il manquait encore quelqu’un. N’étant toujours pas remise du fait que ces explorateurs pouvaient me voir, je ne sentis pas l’ombre qui se faufila dans mon dos, discrète… Elle me sauta dessus et je roulai au sol. Elle sortit deux longs poignards et les projeta tout autour d’elle et tout le monde recula, effrayés. Mais rapidement, la surprise se transforma en colère. On se mit en position de combat, prêts à l’affrontement mais Le petit grand nain est intervenu :
    -Calmez vous… Calmez vous…
    Puis se tournant vers la louve, il continua :
    -Mademoiselle, euh… Nous ne vous voulons pas de mal ! Nous sommes comme vous des explorateurs.
    La jeune guerrière sembla se détendre mais resta malgré tout méfiante. Il murmura son nom, qui parvint faiblement à mes oreilles :
    Louvelo…
    Nous nous sommes ensuite installés sur de gros fauteuils rouges prévus à cet effet et avons commencés à manger, à boire et à rire.
    Je me suis sentie bien. Vivante…
    Existante !

    Soudainement, le Château s’est mis à trembler. L’expression joyeuse qui illuminait quelques instants auparavant les visages de mes compagnons se changea en terreur.
    Je voulus courir, m’enfuir, retrouver Lilou.lila, dehors et nous réfugier dans une mystérieuse pièce sans dangers, mais j’étais comme paralysée, incapable de bouger le moindre muscle…
    De la poussière s’éleva et commença à nous envelopper, nous étouffer… Je me suis mise à ramper sur le sol, une main protégeant mes yeux plissés, quand j’ai entendu une voix. Une voix qui ne semblait pas réelle. Qui ne pouvait être réelle !

    « Les décennies passent, et pourtant il se trouve toujours des explorateurs pour s’aventurer entre mes murs. Toujours les mêmes imbéciles arrogants qui sont convaincus qu’ils parviendront à s’en tirer. Pitoyables. Qu’ils explorent une, dix ou vingt pièces n’a pas d’importance. Tous finissent par mourir ou par perdre la raison. Aucun aventurier ne m’avait jamais échappé. »

    Le Château ! Cela ne pouvait être que lui !
    Je me recroquevillai sur moi même, m’étant mes mains sur mes oreilles et gardant les yeux lâchement fermés pour ne pas voir. Pour ne pas voir ce que je ne voulais pas. Qu’aurai-je vu si je les avaient ouverts ? La terreur et l’horreur ? La douleur et la souffrance ? Non… Moi, je ne voulais rien voir de tout cela. Je voulais m’enfuir. Juste m’enfuir. Et tant pis si les autres se faisaient battre, tant pis si leur aventure se finissait ici, tant pis…
    Mais la voix reprit, impitoyable :

    « Jusqu’à aujourd’hui. Douze d’entre vous m’ont posé plus de problèmes en quelques mois que tous les autres aventuriers en cent ans. Il fallait que cela cesse. Mais apparemment, je me fais du souci pour rien. Vous avez sauté à pieds joints dans le piège. »

    Moi ? Lui avoir posé des problèmes ? Mais comment ?
    Moi, si lâche, si peureuse… Impossible… Il devait se tromper ! Or… Le Château ne se trompait jamais !
    Dans ce cas, si moi, fille qui n’existe même pas, je lui avait posé des problèmes, je pouvait donc le battre. Nous pouvions donc le battre.
    J’ouvris les yeux sous sa troisième phrase :

    « Enfin, le principal c’est que je puisse vous détruire une fois pour toutes. Si vous voulez implorer ma pitié, je crains qu’il ne soit trop tard. »

    Implorer sa pitié ? Je ne pus m’empêcher de sourire… J’étais peut être lâche mais j’avais un honneur…

    La fillette qui était venue me voir la première était prise entre les mains du Chateau ! Un géant… immense ! C’était donc ça, le Chateau. Un homme, terrifiant, imposant…

    « Tss tss. Pas même haute dix centimètres et elle pense pouvoir me défier! »

    Poussière d’Etoile sortit son poignard avec rapidité et frappa le visage du Chateau.
    Du sang… coula, tel une larme de rubis.

    « Si c’est ainsi, meurs donc la première!  » s’énerva le géant en enserrant le cou de la téméraire aventurière.

    Une pierre se détacha du plafond.
    Tomba…
    Noir.
    Fermeture des rideaux.
    Sortie de scène…
    Etais-je morte ?
    Je n’en savais rien. Je ne savais pas non plus ce qu’était la mort… L’obscurité ?
    Je poussais un râle et mes pensées s’éteignirent.

    Un souffle froid au creux de mon cou…
    Quelqu’un était penché sur moi.
    Je soulevais une paupière avec lenteur…
    Louvelo !!
    Elle m’aida à me relever et je murmurai un vague « merci » qu’elle n’entendit pas car elle avait roulé au sol avec une rapidité déconcertante.
    -HARPIES !!! Me cria t-elle avant d’abattre celle qui la pourchassait.
    Mais les harpies finirent pas se transformer en eau et je fus noyée quelques secondes dans les profondeurs…
    Quelqu’un hurla :
    -SABLE !!!
    Et tous grimpèrent sur les murs.
    -AIGLES !!
    Je me couchai sur le sol en frappant les volatiles avec mes pieds.
    -GOBELINS !!!
    Je sortis mon épée et me plaçais dos à dos avec Louvelo.
    -HARPIES !!!
    Je n’eus pas le temps d’en tuer une.
    Une flèche me transperça en pleine poitrine. Croisant le regard empli de pitié d’Enfant des mers, je tombai sur le sol. Le sang s’écoula lentement sur le sol…
    « Encore ? »
    J’ai perdu connaissance.
    Je ne sais pas ce qu’il s’est passé. Je ne sais rien et j’en suis triste.
    Pourtant, lorsque Louvelo m’a réveillée et m’a fait un bandage avec une longue bande de tissu, j’ai été triste de les quitter. Ils étaient pour moi devenus plus que des compagnons de bataille. Des amis !
    Après une joyeuse accolade (qui fit souffrir mes côtes douloureuses ^^) nous nous séparâmes en espérant nous revoir, plus tard… Mais des pièces révélant l’inéxistable… Je ne sais s’il en existe plusieurs…

     

     

    LA 500E PIECE VUE PAR MISS JULIETTE

     

    J’ouvris une petite porte blanche. Quand j’entra plusieurs personnes regardaient d’un air inquiet en ma diréction. La pièce était composé de 12 fauteuil de taille différentes ainsi q’un buffet.
    -Sault,lançais-je.
    Ben dites donc, vous en faites une tête ! Au faite vous faites quoi ici ? Wahou ! Quel buffet !
    La chatte qui pêche m’expliqua ce ne que nous fessions ici.
    Puis 2 jeunes filles entrèrent. Elles nous disaient s’appelais Violette et ArtiElsa.
    La chatte qui pêche leur expliqua comment ont s’étaient retrouvé ici.
    Quand j’allais m’affalais sur un fauteuil une autre fille arriva, nommé Leeko.

    Du coup la chatte qui pêche nous proposa de nous asseoir.
    Mais nos yeux se posèrent sur le dernier fauteuil vide. Un silence se fut.
    Et, la porte s’ouvrit, Louvelo arriva. Elle nous expliqua qu’elle pouvait se transformer en louve.
    Mais qu’allait-il nous arriver, c’était un piège ?

    D’un coup le sol se mit à trembler. La chatte qui pêche poussa un cri strident tout en s’agrippant au fauteuil.
    Les mirs étaient en train de tomber ! Je pleurais et hurlais en même temps. Je ferma les yeux, une poudre nous enveloppa. Quand j’ouvris les yeux nous n’étions plus seul… Une personne était au milieu de la pièce, les bras croisés, un long manteau noir.
    - Les décennies passent, et pourtant il se trouve toujours des aventuriers pour s’aventurer entre mes murs. Toujours les mêmes imbéciles arrogant qui sont convaincus qu’ils parviendrons à s’en tirer. Pitoyable.Pitoyable. Qu’ils explorent une ou, dix ou vingt n’a pas d’importance. Tous finissent par mourir ou par perdre la raison. Aucun aventuriers ne m’avait jamais échappée.
    Alors le château c’était cet homme ? Bizarre… Puis il continua à parler avec cet haïr de… de château ! Puis il rit d’un rire fort et pitoyable. La chatte qui pêche ouvra la bouche mais la referma directement. l’homme-château s’approcha d’elle. Je baissa la tête, les yeux brûlants. puis il se moqua d’elle, je releva la tête.
    Elle sortit un poignard et lui toucha le visage. Je regarda esprit d’un air inquiet. Il nous voulait la mort ! J’attacha mes cheveux en le fixant. Il attrapa la chatte qui pêche et l’amena au milieu. Louvelo lui sauta violemment dessus en faisant un sourire penaud à la chatte qui pêche. L’homme se mit d’un coup, a grossir et grandir et devient : le géant…
    Il arracha les pierres du mur et les cognas contre Esprit. Je me cacha sous mon fauteuil hurlant de terreur. Je regarda le plafond et vit la chatte qui pêche propulser par une catapulte actionné par Gabi. Elle atterris sur le nez du géant et lui creva l’œil.

    Je me transforma en chat et couru vers le géant tout en miaulant. Miaou !
    Je m’agrippa a ces jambes et lui donna un coup de griffes. Mais il m’attrapa et me lança. J’atterris sur un fauteuil éloigné du centre de la pièce. Puis je vis le géant se faire ligoter comme un rôti.
    - Pas mal, dit-il en crachant
    Puis une tornade arriva, nous étions pris au piège !
    Je m’agrippa à un fauteuil mais la lourdeur de la tornade me fit lourdement tombé. J’étais couverte de blessures !
    J’entendais des bruits du jors :
    - Gobelins !
    - Sable !
    Certain avait fait des trous, ce qui fit évacué la tornade. L’homme-Château, tremblait de tous ces membres. Nous nous avançâmes pour l’attaquer, mais il nous adressa un sourire et disparus dans une buée.
    Le sol trembla à nouveau puis tout redevins normal.
    Nous nous asseyames en nous tapant amicalement. Je mis de l’eau sur mes blessures et fis un sourire triomphale.
    Nous décidâmes de qui partirait ensemble.
    - A bientôt, lançais-je en saluant les aventuriers.
    Je choisis une porte noir et rouge et l’ouvris calmement.

     

     

    LA 500ème PIECE VU PAR LEILA

     

    Tiens donc ! Une nouvelle porte, plutôt simple et rien à redire sur celle ci. Simple claire… Je jetai alors un regard sur gabi. Elle s’était changée rapidement de sa tenue de mariage, elle était habillée plutôt simplement, un peu aventurière, très avenante et charmante comme ça. Ce style lui allait très bien. $
    Gabi décida alors de pousser la porte… Enfin plutôt l’ouvrir !
    L’intérieur était un peu particulier, c’était assez moderne et un peu comme une salle de bal moyenâgeuse. Sur le plancher brillant, il y avait des fauteuils, de toutes les époques, tous les styles, toutes les couleurs.
    Pas loin de là, j’entendais un feu crépiter au cœur d’une cheminée de pierre imposante. Il y avait aussi autour des tableaux de picasso.
    Et au coeur de la pièce, il y avait une longue, très longue table avec beaucoup de nourriture dessus, une sorte de buffet. C’était très tentant toute cette nourriture entreposée. La nourriture était aussi éclairée par des lampes néons.
    Ce qui m’attira l’œil, c’était cette bibliothèque au design contemporain où y était mis de vieux grimoires.
    J’étais tellement captivé par la pièce, que je ne m’apperçu même pas qu’il y avait des personnes non loin de nous. Il y avait une petite humaine un peu plus grande que ma main, des cheveux verts et une araignée sur son épaule. Juste à côté, une sorte de petit fantôme, ou d’esprit, qui me semblait très gentil. Il y avait même un nain, comme ceux du seigneur des anneaux. Pour finir un garçon, un vrai humain. Avec gabi, nous échangions alors des regards froids, en signe d’inquiétude. Qui étaient ces drôles de gens ?
    -Qui êtes vous ? demandais je d’une voix hésitante
    La petite humaine aux cheveux verts dessina un sourire sur son joli visage, et s’approcha de quelques pas vers nous :
    -Nous ne sommes pas des mutants prêts à vous dévorer comme vous pourriez le penser ! rigola t-elle. Nous sommes comme vous, de malheureux aventuriers, et nous ne savons pas pourquoi nous nous retrouvons ici.
    -Effectivement c’est étrange que des aventuriers se retrouvent là par hasard, lança gabi en se grattant la tête signe de réfléchir
    -Et si on faisait une présentation ? demanda le nain
    -Pourquoi pas allez c’est parti ! Moi je suis poussière, et ça c’est mon compagnon esprit ! dit la petite humaine en désignant l’esprit, esprit
    L’esprit était tout de même un peu particulier, je n’aurai jamais cru qu’un fantôme puisse dessiner un visage derrière cet espèce de voile qui lui servait comme une peau. C’était fascinant. Mais esprit se rendit compte que j’étais en train de la dévisager, je tournai alors aussi tôt le regard.
    -Je suis le petit grand nain, et là c’est un gars, mon compagnon, dit le nain en tapant dans le dos de son confrère un gars
    -Hé mais fais gaffe maitrise ta force ! rigola gentiment un gars, qui avait d’ailleurs un fort étrange prénom.
    -Et nous… Eh bien je suis leila… dis je coupée ensuite par gabi pressée de se présenter
    -Je suis gabi en chantée !
    Les présentations faites entre aventuriers, nous semblions tous rassurés de savoir que ce n’était pas des mants dangereux.

    Ensuite il se passa quelque chose d’étrange : Suivirent six autres aventuriers dans la pièce, comme pour prendre place dans les douzes fauteuils. Nous étions donc au final douze aventuriers à nous réunir là. Il y avait donc en plus sara, miss juliette, violette, artistelsa et leeko. Sans oublier l’attendue douzième aventurier, louvelo.

    Nous nous jetâmes alors tous sur le buffet.

    (…)

     

     

    LA 500ème PIÈCE VUE PAR LOUVELO (OU LA PIÈCE DES ÉLÉMENTS DÉCHAINÉS)

     


    Je poussai la porte prudemment ; c’était une large porte d’un bois clair et parcouru de veines plus sombre, du chêne, probablement.
    La pièce derrière la porte était spacieuse, bien éclairée. Il faisait chaud. Je balayai la pièce du regard, m’attendant à un piège. Des fenêtres, munies de grands rideaux pourpres d’un tissu épais et soyeux, dessinaient sur le sol des carrés clairs en faisant étinceler les particules de poussières flottant doucement dans l’air. Des fauteuils rembourrés étaient disposés dans la pièce, et, dans un coin, un large buffet exposait de la nourriture aux arômes alléchants dans des plats de cuivres. Je fronçais les sourcils.
    Cette pièce était trop accueillante, trop chaleureuse. Étais-ce un piège ?
    Je me tendis soudain, un frisson courant le long de mon échine.
    Au coin de la cheminée où un feu crépitait dans l’âtre, dans des fauteuils, il y avait des gens, des épées glissées dans leurs ceintures. Ils parlaient, riaient, mais quand ils me virent, le silence se fut.
    Mon sang ne fit qu’un tour, et sans réfléchir, je me métamorphosai, et bondit sur la plus proche. Je la plaquai sur le sol, et nous roulons à terre. Je vois d’autres sortir leurs armes.
    - Calmez-vous ! Cria une voix d’un ton affolé. Mademoiselle, euh…Nous ne vous voulons pas de mal ! Nous sommes comme vous, des explorateurs.
    À ce mot, je dressai l’oreille, sans pour autant lâcher ma proie. Des explorateurs… Soudain, je compris. Je me relevai, époussetant mes habits couverts de poussière.
    - Désolé, je murmurai par politesse, bien que je ne fusse pas désolée. J’avais suivi mes instincts. Ils m’avaient sauvé la vie bien trop de fois pour que je leur reproche quelque chose.
    Je me retransformai en humaine, regardant tous les visages, gravant le moindre détail dans ma mémoire. Chacun rengaina ses armes.
    La jeune fille que j’avais plaquée à terre se releva, se massant le corps. Je sentis les regards fixés sur moi, alors je m’assis dans le douzième fauteuil, le seul qui fut vide, tentant de calmer les battements de mon cœur. J’étais donc la dernière attendue.
    L’atmosphère se détendit rapidement. Les rires reprirent, les conversations se firent plus joyeuses et plus bruyantes. Nous partageâmes des vivres, racontâmes nos histoires. J’appris à connaitre les explorateurs, comme la fille que j’avais plaquée au sol qui s’appelait Leeko. Il y avait un nain, un esprit invisible, une fille minuscule, des filles et des garçons – il y avait un garçon aux cheveux bruns et au regard pétillant qui s’appelait « un gars » !- et d’autres explorateurs fantastiques. En tout, nous étions douze. Je remarquai que chaque fauteuil semblait fait sur mesure. Il y avait des fauteuils, un petit pour le nain, un minuscule pour Poussière d’Étoile (car tel était son nom) et le mien, un large et confortable fauteuil muni d’un accoudoir pour poser mon épée, semblait parfait pour une guerrière.
    Soudain, l’air devient frigide. Le feu mourut dans la cheminée. Tout le monde se tut, les rires cessèrent.
    Un ricanement lugubre retentit dans l’air froid.
    Les murs se mirent à trembler, des blocs de pierres se détachant du plafond avec un nuage de poussière. J’entendis un cri sans pour autant savoir d’où il venait. Une voix claire, arrogante retentit.
    « Les décennies passent, et pourtant il se trouve toujours des explorateurs pour s’aventurer entre mes murs. Toujours les mêmes imbéciles arrogants qui sont convaincus qu’ils parviendront à s’en tirer. Pitoyables. Qu’ils explorent une, dix ou vingt pièces n’a pas d’importance. Tous finissent par mourir ou par perdre la raison. Aucun aventurier ne m’avait jamais échappé. »
    Je connaissais cette voix. Trop bien, même. C’était le genre de voix qu’on n’oubliait jamais, le genre de voix qui restait gravée dans votre esprit, vous donnant des cauchemars la nuit.
    C’est le château.
    Je serai les poings. Comment osait-t-il ? La voix repris, narquoise.
    « Jusqu’à aujourd’hui. Douze d’entre vous m’ont posé plus de problèmes en quelques mois que tous les autres aventuriers en cent ans. Il fallait que cela cesse. Mais apparemment, je me fais du souci pour rien. Vous avez sauté à pieds joints dans le piège. »
    Il éclata de rire. Je sentis mes nouveaux amis se tendre, les muscles bandés. Mon cœur se remplit de rage, et je voulus bondir sur le Château, planter mes crocs dans sa chair immonde, faire couler son sang, l’entendre hurler. Mais un sort invisible nous retenait de bouger.
    Je le vit enfin. Il avait pris l’apparence d’un géant.
    « Enfin, continua-t-il, le principal c’est que je puisse vous détruire une fois pour toutes. Si vous voulez implorer ma pitié, je crains qu’il ne soit trop tard. »
    Je retins un ricanement. Sa pitié ? Comme si l’un de nous allait l’implorer ! Ce géant était décidément bien sûr de lui.
    Je n’avais pas peur. Tout lui en était basé sur des illusions. Son apparence. Sa voix aussi, surement. S’il avait besoin de se cacher derrière des mensonges, ça ne devait pas être un bien grand ennemi. Son regard moqueur se posa sur une petite fille, pas plus grande que mon pouce, vêtu de gris. Poussière d’Étoile
    « Tss tss, siffla t’il. Pas même haute dix centimètres et elle pense pouvoir me défier! »
    Il s’approcha, saisissant le frêle corps dans son énorme main. Son sourire dévoilait des dents blanches, trop blanches – encore une illusion. Poussière d’Étoile parvint à brandir son poignard. Elle creusa une grande éraflure sur la joue, qui se teinta de rouge. Le géant poussa un grognement rageur.
    « Si c’est ainsi, meurs donc la première! »
    Je n’eus pas le temps de voir ses mains se resserrer sur son corps. Le sort était brisé. Je me jetai sur le monstre, mon corps changea rapidement de forme.
    Et, enfin, mes griffes déchirèrent sa peau.
    En quelques secondes, je fus rejoint par mes compagnons. Tous, petits, grands, filles ou garçons, se jetèrent sur le géant.
    Et, combattant à leurs côtés, je ressentis quelque chose que je n’avais jamais ressenti avant.
    Le sentiment d’appartenir quelque part.
    Le géant hurlait, se contorsionnait dans tous les sens, agitant ses bras. Ses hurlements rageurs ne nous ébranlaient même pas, et je ne vis personne lâcher prise.
    Le sang coulait, autant celui du géant que le nôtre. Une longue entaille sur mon épaule me faisait souffrir. Du sang coulait de la plaie, tachant mon épaisse fourrure argentée.
    Pendant que certains attaquaient le géant sur le sol, d’autres avaient pris la voie des airs, se perchant sur les lampes au plafond afin de le blesser au visage. Leeko et une jeune fille nommée Sara lançaient sur le géant une volée de flèches.
    Animé par une rage surhumaine, le géant arrachait des morceaux de plafonds pour les lancer sur nous.
    J’aperçus du coin de l’œil que quelques explorateurs avaient renversé une table et avisaient un plan. Je les encourageais mentalement, tout en griffant, mordant le géant.
    Soudain, je vis Poussière d’Étoile, lancée à pleine vitesse dans un petit bol qui devait venir du buffet, planter un pieu dans l’œil du géant qui hurla, plaquant la main sur son visage.
    Au même moment, d’autres explorateurs étaient occupés à ficeler les pieds du géant afin de… Oh oh.
    Je m’écartai brusquement, juste à temps pour éviter le géant qui s’écroulait à terre.
    Il reprit sa forme humaine, souriant moqueusement. Mais malgré ses airs arrogants du sang coulait de ses nombreuses plaies, et il semblait fort abattu.
    « Pas mal. Je n’en attendais pas moins de vous. A présent qu’on s’est amusés, on peut passer aux choses sérieuses. »
    Avec un nouveau sourire, il se volatilisa et un nuage de créatures mi oiseau mi femmes se précipita vers nous. Je courus, et aperçut une silhouette allongée sur le sol. Leeko.
    Je me précipitai vers elle, la secouant rudement sous ma forme humaine. Elle était inconsciente.
    - Leeko !
    Elle ouvra un œil, puis se leva brusquement, dégainant son épée.
    - HARPIES ! Je criai, dégainant la mienne. Ma forme de Louve ne me serait d’aucune aide contre ces volatiles vicieux, ainsi je ne me métamorphosai pas.
    Leeko et moi nous mîmes dos à dos, nous défendant tant bien que mal. J’avais réussi à en éliminer une douzaine avant qu’elles ne disparurent. À la place, la pièce se remplit d’une eau opaque, visqueuse. Je donnai un vigoureux coup de pied afin de remonter à la surface. Les cataclysmes se succédèrent avec une rapidité entrainante. Ce fut alors une danse, la danse des éléments déchainés : une tempête de sable, un ouragan, une inondation, une volée de pierres, une attaque d’un tel monstre… Mais je compris vite, ainsi que d’autres. Je vis une fille nommée Enfant des Mers échanger quelques regards avec d’autres. Le château, malin, rapide peut-être, manquait d’idées. Nous comprîmes vite l’ordre dans lequel apparaissaient les cataclysmes. Alors, quelqu’un dans la salle criait : « SABLE ! » ou « EAU !» ou « GOBELINS !» Leeko et moi combattîmes dos à dos, quand, soudain, elle s’effondra sur le sol. Je me précipitai vers elle, mais déjà, elle ne bougeait plus. Une tache rouge s’élargissait sur sa poitrine, une flèche plantée au milieu. Mais elle respirait. Elle était vivante.
    Je ne pus m’empêcher de penser que cette fille avait la pire des malchances. Je ne pouvais rien faire pour elle tant que le géant n’aurait pas succombé. Mais nous étions organisés, et, déjà, les malheurs s’abattaient plus faiblement sur nous. Parfois, lorsque nous avions déjoué un autre de ses pièges, le géant apparaissait un bref instant, empli de rage, mais blessé, et affaibli.
    Bientôt, il apparut devant nous, nous défia du regard un instant, puis disparut pour de bon quand une épée dorée fut lancée en sa direction. Je crois que c’était Un gars.
    Nous avions battu le Château.
    Une vague de triomphe nous parcourut, enfin, ceux qui n’étaient pas déjà inconscient. Nous nous regardâmes. Nous étions blessés, épuisés, mais triomphants, un sourire nous éclairant le visage.
    Je me précipitai vers Leeko. Elle respirait toujours, un peu lentement mais elle respirait. Je lui retirai la flèche vivement, mais avec prudence. Heureusement, et à mon grand soulagement, elle ressortit entière de la plaie. Pendant que d’autres soignaient leurs amis ou eux-mêmes, je sortis un bandage de mon sac et entreprit de soigner Leeko. Nous nous assîmes sur les sièges, afin de nous reposer. Je bus et mangeais un peu, quand Leeko ouvrit les yeux.
    Mais bientôt, ce fut temps de partir.
    - On se reverra, j’en suis sure, dis-je.
    Tout le monde hocha la tête. Le géant nous voulait mort. Il nous réservait surement des pièges dans les pièces suivantes.
    Mais au moins, nous savions que nous n’étions pas seuls.
     


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